Des intellectuels contre l'abolition de la prostitution

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Ils ont décidé de se faire entendre pour soutenir la prostitution. Dans une tribune à paraître ce jeudi dans Le Nouvel Observateur, une poignée d’intellectuels et de féministes militent contre l’abolition de la prostitution et l’annonce de la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, qui avait exprimé fin juin sa volonté de voir disparaître la prostitution en France. Parmi les signataires : la femme de lettres Elisabeth Badinter, Elisabeth de Fontenay, philosophe, la pédopsychiatre Caroline Eliacheff, ou encore les écrivains Régine Desforges et Claude Habib.
« La gauche n’a pas été élue pour ça »
« Une femme n'est pas nécessairement victime de l'oppression masculine lorsqu'elle se livre à la prostitution », écrivent-ils « au risque de faire grincer des dents », et leurs clients « ne sont pas tous d'horribles prédateurs ou des obsédés sexuels qui traitent les femmes comme des objets jetables ». Lui aussi signataire du texte intitulé « L'abolition de la prostitution est une chimère », le cinéaste Claude Lanzmann s’explique : « La prostitution n’est pas un crime, le crime c’est de dire que c’en est un. Je pense que la gauche a autre chose à faire que de s’occuper de l’abolition de la prostitution. Il y a des choses plus vitales, ça c’est de la gesticulation, de la peinture. De quoi se mêlent-ils ? Ils sont dans une espèce de folie morale, éthique. Ils n’ont pas d’autres projets ? Ils n’ont pas été élus pour ça ».
Supprimer les réseaux mafieux, pas la prostitution
Pour eux, la pénalisation des clients souhaitée par Najat Vallaud-Belkacem et les abolitionnistes, « n'entraînera pas la suppression de la prostitution » qui continuera à prospérer grâce à Internet ; et les premières victimes seront toujours « les prolétaires du sexe ». Pénaliser les clients ne permettrait pas non plus de supprimer l’esclavage des femmes par les réseaux mafieux, pratique contre laquelle, rappellent les auteurs de la tribune, il faut par ailleurs impérativement lutter.