Démission de Collomb: "pas une crise", l'élément de langage du gouvernement

Alors que Gérard Collomb a plongé l'exécutif dans un singulier embarras en quittant le ministère de l'Intérieur ce mercredi matin, après ses demandes répétées, les membres du gouvernement se relaient depuis devant les micros et les caméras pour réfuter toute idée de crise au sein de l'exécutif.
"Je ne dis pas que tout va bien" mais...
Le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, a été le premier à tenter de déminer ce terrain difficile sous les pieds du chef de l'Etat, du Premier ministre et du gouvernement. Dans la matinée de mercredi, sur le plateau des Quatre vérités de France 2, il a lancé: "Il n'y a pas de crise politique. Je ne crois pas qu'il faille voir des crises politiques là où il n'y en a pas".
Un élément de langage étant la chose la mieux partagée du monde politique, on a bientôt trouvé la même profession de foi dans la bouche de la Garde des Sceaux, Nicole Belloubet, sur Europe 1: "Je ne dis pas que tout va bien, je dis qu'il ne faut pas faire de cet événement complexe à gérer sur le plan politique, parce qu'il est inédit, une crise grave. Il faut remettre les choses à leur juste valeur".
Pour Richard Ferrand aussi, le calme règne dans le 8e arrondissement de Paris, entre l'Elysée et la Place Beauvau. Le président de l'Assemblée nationale a ainsi développé: "On peut dire que c'est une rupture non-conventionnelle, mais ce n'est ni un drame ni un épiphénomène". Cette "rupture non-conventionnelle" ne signifie pas pour autant que les liens entre Gérard Collomb et Emmanuel Macron soient "distendus", a-t-il affirmé, récusant lui aussi l'expression de "crise gouvernementale".
Une mission délicate
Enfin, lors de sa conférence de presse ce mercredi en début d'après-midi, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a également cherché à habiller la situation traversée par l'exécutif de couleurs sereines: "Force était de constater que depuis l'été, Gérard Collomb s'était tourné vers Lyon et les Lyonnais et donc mis en position de démissionner. Rien de ce qui se passe depuis 48 heures n'est une crise politique. Le gouvernement est à sa tâche". Il répercutait devant les journalistes les mots tenus par le chef de l'Etat durant le Conseil des ministres.
A sa manière, Edouard Philippe, à qui échoit le ministère de l'Intérieur pour quelques jours, a porté le même message durant la passation de pouvoirs avec Gérard Collomb mercredi matin. Si l'atmosphère était glaciale, le chef du gouvernement n'a pas voulu être désagréable envers ce dernier. "Je veux vous remercier des seize mois de travail que nous avons passés ensemble à la tête d'un ministère exigeant, où les missions sont délicates et essentielles à la sécurité de nos concitoyens", a-t-il notamment déclaré.
Réfuter la réalité de la crise est pour l'heure la "mission délicate" à laquelle il doit s'atteler avec ses ministres.