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Crise ukrainienne: Hollande et Poutine se sont rencontrés à Moscou

François Hollande et Vladimir Poutine à Moscou, le 6 décembre 2014.

François Hollande et Vladimir Poutine à Moscou, le 6 décembre 2014. - Alain Jocard - AFP

Le chef de l'Etat français a fait une escale impromptue à Moscou après son voyage au Kazakhstan. La crise ukrainienne était au menu de cette rencontre bilatérale.

François Hollande s'est rendu samedi à Moscou pour un entretien surprise avec Vladimir Poutine à l'aéroport de Vnoukovo, après un visite officielle de 48 heures au Kazakhstan. Selon nos informations, l'entretien du président français avec son homologue a duré environ 1h30. François Hollande devait ensuite regagner Paris.

Visite impromptue

Les deux chefs de l'Etat, qui se sont vus à la demande de la France, devaient s'entretenir de la crise ukrainienne.

"Cette visite même courte est une visite de travail. Nous allons avancer ensemble", a dit Vladimir Poutine au début de la rencontre. "Nous devons éviter que d'autres murs viennent (nous) séparer. A un moment, il faut être aussi capable de dépasser les obstacles et trouver les solutions", a pour sa part déclaré François Hollande, selon les informations de BFMTV.

Cette rencontre entre les deux chefs d'Etat avait lieu au moment où l'homme fort du Kremlin est plus isolé que jamais sur la scène internationale, accusé par les Occidentaux, dont la France, de soutenir les rebelles séparatistes dans l'est de l'Ukraine, dans un conflit qui a fait plus de 4.300 morts en huit mois.

Il s'agissait d'ailleurs de la première visite à Moscou d'un dirigeant occidental depuis le début de la crise ukrainienne. La dernière rencontre en tête-à-tête entre Vladimir Poutine et François Hollande remontait au 15 novembre dernier, en marge du sommet du G20 à Brisbane, en Australie.

Hollande juge une "désescalade" possible

"La France veut que cette crise se termine", a déclaré le président français samedi à l'issue de sa rencontre avec Vladimir Poutine, jugeant par ailleurs la "désescalade" possible.

Avant d'arriver en Russie, François Hollande s'était entretenu avec le président ukrainien Petro Porochenko et avec la chancelière allemande Angela Merkel.

Le chef de l'Etat ukrainien a annoncé samedi un "accord de principe" pour des négociations de paix sur l'Ukraine mardi à Minsk. La précédente réunion dans la capitale bélarusse début septembre s'était déroulée avec la participation de dirigeants rebelles, de représentants russes et de responsables de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Elle avait abouti le 5 septembre à un cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine, même s'il avait été de moins en moins respecté au bout de quelques semaines jusqu'à devenir inexistant.

Mardi, en parallèle des négociations à Minsk, un cessez-le-feu doit être entériné par les séparatistes et Kiev qui ont annoncé jeudi à la surprise générale un accord sur l'arrêt total des tirs dans l'Est. Mais cette annonce, qui n'est pas la première, était à prendre avec prudence et s'est accompagnée d'un regain d'intensité des combats, qui ont fait au cours des dernières 48 heures six morts et 20 blessés parmi les soldats ukrainiens selon les autorités militaires ukrainiennes.

L'épineux problème du Mistral

Mais la crise diplomatique entre les Occidentaux et la Russie sur l'Ukraine se double, pour la France, d'un autre problème épineux: le refus de François Hollande de livrer les navires de guerre Mistral vendus à la Russie tant que la situation n'évoluera pas. François Hollande avait ainsi annoncé le 25 novembre le report "jusqu'à nouvel ordre" de la livraison du premier Mistral, considérant "que la situation actuelle dans l'est de l'Ukraine" ne permettait toujours pas cette livraison.

Samedi, le président Vladimir Poutine a indiqué espérer que la Russie serait remboursée si la France ne livre pas les navires de guerre. "Nous n'avons même pas évoqué le sujet (des Mistral)", a déclaré l'homme fort du Kremlin à des journalistes après s'être entretenu avec le chef de l'Etat français à l'aéroport moscovite de Vnoukovo. "Il y a un contrat, nous partons du principe qu'il sera respecté, sinon nous espérons qu'on nous rendra l'argent que nous avons payé", a-t-il prévenu.

Or c'est précisément la guerre en Ukraine qui, de l'avis de la France, empêche la livraison du premier des deux navires Mistral que Paris a vendus à la Russie, un contrat qui déplaît aux Américains, dans le climat actuel d'un retour à une Guerre froide.

A. K. et V. R. avec AFP