Coup d'envoi des débats à l'Assemblée sur la loi de Bioéthique: Agnès Buzyn vante une "chance"

Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a défendu le projet de loi bioéthique pour le début des débats à l'Assemblée Nationale - Jacques Demarthon / AFP
La ministre de la Santé Agnès Buzyn a défendu ce mardi le projet de loi bioéthique et sa mesure phare, l'ouverture de la PMA à toutes les femmes, comme "une chance" pour la société, soulignant que sur ces questions "la voix de la France est écoutée".
Première grande réforme sociétale du quinquennat d'Emmanuel Macron, ce projet est "une chance et même, un privilège pour notre société", a déclaré Agnès Buzyn, à l'ouverture des débats en première lecture sur ce texte sensible et très attendu.
S'adapter à la société "telle qu'elle est"
Pour la ministre, qui porte ce texte avec Nicole Belloubet et Frédérique Vidal, il permet d'"adapter notre droit non pas à une société post-moderne tantôt espérée, tantôt redoutée, souvent même fantasmée, mais à la société telle qu'elle est ici et maintenant".
Les "familles monoparentales et homoparentales existent déjà" et il serait "hypocrite" de ne pas le voir, a-t-elle souligné, fustigeant comme une "idée fausse", l'idée qu'il pourrait y avoir un "droit à l'enfant", devant un hémicycle clairsemé.
Saluant la spécificité des lois de bioéthique qui permettent de "prendre rendez-vous à intervalles réguliers avec les grandes questions de notre temps", elle a évoqué "un moment de réflexion profonde" sur "la société dans laquelle nous voulons vivre". La ministre a invité les élus à être la "conscience qui doit délimiter, ordonner et définir les nouveaux progrès sans rien céder sur les grands principes: la dignité de la personne humaine, l'autonomie de chacun et la solidarité de tous".
Les "choix" qui doivent être faits "sont ceux de la confrontation entre le possible et le souhaitable, entre des parcours individuels parfois douloureux et des conséquences collectives acceptables", a-t-elle insisté
La PMA au centre d'un projet de loi vaste
Outre la mesure phare maintes fois repoussée de l'extension de la PMA aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires, dès l'article 1er, le vaste projet de loi aborde nombre d'autres sujets hautement sensibles. En 32 articles, il prévoit notamment une réforme de la filiation et de l'accès aux origines des enfants nés par don, et traite de l'autoconservation des ovocytes ou de la recherche sur les cellules souches embryonnaires.
La liberté de vote est de mise pour les députés alors qu'apparaissent des lignes de fracture non pas "entre les groupes mais à l'échelon individuel" sur ces sujets qui touchent à l'intime, observe Agnès Buzyn.
Près de trois semaines de débats et plus de 2.500 amendements sont au menu avant le verdict des députés le 15 octobre, avec un vote solennel.
Promesse de campagne d'Emmanuel Macron, et avant lui de François Hollande, la PMA pour toutes, que le gouvernement espère voir adoptée "avant l'été", a le soutien de la gauche. La mesure est vivement contestée par la plupart des élus de droite, tandis qu'à l'extérieur de l'Assemblée Nationale, les pro ou anti-PMA fourbissent leurs armes à coup de tribunes et déclarations. Une manifestation de protestation est programmée le 6 octobre, à laquelle certains élus LR ou RN n'excluent pas de participer, aux côtés de La Manif pour Tous.
La ministre de la Santé, elle, a jugé "qu'il n'y a pas d'un côté des tenants de l'ordre moral, qui seraient les partisans rétrogrades d'une société figée et de l'autre des aventuriers imprudents ou des apprentis sorciers".