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Corse : Valls demande des résultats aux policiers et aux gendarmes

Manuel Valls

Manuel Valls - -

Christiane Taubira et Manuel Valls sont en visite en Corse pour tenter d’endiguer la violence de ces derniers mois. Le ministre de l’Intérieur appelle la police et la gendarmerie corses à être plus efficaces et ne pas tomber dans les pièges de la concurrence.

Seconde visite en dix jours pour Manuel Valls et Christiane Taubira, de nouveau en Corse pour enrayer la spirale criminelle qui a déjà fait 18 victimes depuis janvier sur l’île. Ce lundi, la ministre de la Justice doit présenter au Tribunal de Grande Instance de Bastia la circulaire de politique pénale spécialement élaborée pour la Corse. En début d'après-midi, la Garde des Sceaux sera rejointe par le ministre de l’Intérieur pour un point presse à la préfecture de Bastia où tous deux rappelleront les engagements du gouvernement pour lutter contre la violence en Corse.

« Policiers et gendarmes peuvent travailler mieux, pas seulement en Corse »

Dimanche, Manuel Valls s'est entretenu à Ajaccio avec les responsables des forces de sécurité auxquels il a demandé de mieux coordonner les enquêtes. Reconnaissant les difficultés des forces de l'ordre face à la vague criminelle qui a fait une centaine d'homicides en dix ans, il a appelé à « un sursaut, à des résultats ». « La police et la gendarmerie doivent s'adapter, renouveler leurs méthodes ». Interrogé sur un rapport du procureur de la République à Bastia dénonçant la concurrence entre les différents services, Manuel Valls a souligné que « des marges de progrès existent ». Il s'est aussi dit « convaincu » que « policiers et gendarmes peuvent travailler mieux, pas seulement en Corse » et annoncé « des sanctions » en cas de « concurrence qui mette en cause l'efficacité, les résultats ».

Des primes qui se chiffrent « en milliers d’euros »

« Je pense qu’il ne faut pas faire l’amalgame entre les services, les fonctionnaires qui s’y rattachent, et les chefs de service », nuance Cyril Bianchi, responsable du syndicat de police SGP-FO pour la Haute-Corse. S’il reconnaît des difficultés, le policier pointe du doigt les responsables. « Finalement, ce sont les chefs de service qui ont les informations, et quand vous détenez les infos, vous détenez une certaine forme de pouvoir parce que vous voulez tirer la couverture à vous. Et depuis quelques années, le ministère a mis en place une forme de primes au mérite pour les chefs de service, à partir du moment où les objectifs sont atteints, ça se chiffre en milliers d’euros ».

« Le désespoir peut parfois conduire à des choix extrêmes »

Jean Zuccarelli, le président de l'Agence de développement économique de la Corse (Adec), considère de son côté que la réorganisation des forces de l’ordre ne sera pas suffisante. Quand le taux de chômage atteint les 9,7%, il estime qu’il faut avant tout être solidaire. « Le désespoir, la détresse, peuvent parfois conduire à des choix extrêmes qui peuvent emmener certaines personnes à prêter la main à des assassinats. On œuvrera utilement sur la durée à réduire certaines sources de délinquance en travaillant au développement économique, à l’insertion dans l’emploi en particulier de nos jeunes trop fortement frappés par le chômage. Il faut mettre en œuvre les conditions de développement économique durable, qui ne laisse personne sur le carreau ».

M. Chaillot avec Benjamin Smadja