Commission Jospin : vers un parrainage citoyen pour la présidentielle ?

Parmi les conclusions du rapport Jospin, quatre grandes propositions émergent, du statut pénal du président au système de parrainages pour l'élection présidentielle. - -
Lors de sa campagne pour la présidence française, François Hollande avait notamment promis de rénover la vie politique de l’Hexagone. Pour se faire, il a confié à l’ancien Premier ministre Lionel Jospin le soin de rédiger un rapport sur les outils à mettre en place pour améliorer la vie politique en France. Le résultat du travail de la commission que l'ex-Premier ministre préside depuis le 14 juillet à la demande du chef de l'Etat et composée de 14 membres dont l'UMP Roselyne Bachelot, est remis ce vendredi à François Hollande.
4 propositions principales
Parmi les conclusions du rapport Jospin, quatre grandes propositions émergent sur plusieurs points délicats de la vie politique française, du statut pénal du président au système de parrainages pour l'élection présidentielle.
- En matière de cumul des mandats : la commission propose que députés et sénateurs soient soumis au même tarif : un parlementaire ne pourra plus être maire ou président d'un exécutif local, mais pourra rester simple conseiller (municipal, régional...). La commission n'a pas été jusqu'au mandat unique que voulaient certains de ses membres.
- Une dose de proportionnelle : 10% des députés (57 d'entre eux) seraient élus à la proportionnelle intégrale sur une liste nationale. Les circonscriptions seraient redécoupées, il n'y en aurait plus que 520. On voterait donc pour deux candidats aux législatives, un dans sa circonscription et un sur la liste nationale. Avec ce système, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, François Bayrou ou Ségolène Royal siègeraient à l'Assemblée.
- Le statut pénal du président : le président de la République durant son mandat ne serait protégé que pour les actes relevant de sa fonction. Exemple, fictif évidemment, un président divorcé qui ne paierait pas sa pension alimentaire, serait passible d'une juridiction de droit commun. Enfin les anciens présidents ne siègeraient plus au Conseil constitutionnel.
- Sur les parrainages pour la présidentielle : les 500 parrainages de grands électeurs ont fait polémique, ils sont supprimés. La commission propose que ce soient les citoyens qui parrainent les candidats : 150.000 signatures populaires, qui seraient vérifiées par les préfets. Objectif: faire émerger des « candidats du peuple ».
« Les Français plus directement concernés »
Parmi les grandes propositions de Lionel Jospin, l’initiative sur les parrainages citoyens semble faire polémique. Certains petits candidats trouvent cette idée particulièrement démocratique à l’image de Corrine Lepage, député européenne, ex-ministre de l'Environnement et présidente de Cap21. « Ça permettra que les Français, qui souhaitent qu’une personnalité soit candidate à la présidentielle, puissent l'être, explique-t-elle sur RMC. Et puis ça permettra aux Français de se réconcilier avec la politique. Ils auraient l’impression d’être plus directement concernés par cette élection. Le Général de Gaulle avait voulu une élection avec un choix démocratique et non pas un choix par les partis politiques. On revient à cette base et cela me semble sain ».
« Absolument impossible pour un petit candidat »
Face à Corinne Lepage, Christine Boutin, présidente du Parti Chrétien Démocrate, autre « petit candidat » à la présidentielle qui n’a pas réussi à rassembler les 500 parrainages d'élus pour se présenter en mai dernier, estime que cette idée du parrainage citoyen est surtout extrêmement coûteuse : « On n’y arrivera jamais parce que ça coûte très cher, assure l’ancienne ministre. Où aller taper ? Chez qui aller sonner au milieu des 40 millions d’électeurs ? C’est absolument impossible pour un petit candidat. Ça veut dire au moins deux millions de coups de téléphone. Vous voyez le nombre de personnes qu’il faudrait ? Et ces personnes, il faudrait aussi les payer. Ça demande un financement énorme ».