Christiane Taubira nouvelle cible de l’UMP

L'UMP a trouvé sa première cible privilégié du nouveau gouvernement Hollande, ce sera Christiane Taubira. Depuis sa nomination à la tête du ministère de la justice, elle encaisse tous les coups des députés ou secrétaire généraux de l'UMP.

Son passé d'indépendantiste guyanaise, sa première sortie de ministre qui se solde par l'évasion d'un détenu en permission, et sa décision de supprimer les tribunaux correctionnels pour mineurs. Tous les thèmes sont bons pour s'en prendre à Christiane Taubira, la nouvelle garde des Sceaux. Mardi, Jean-François Copé, en a même fait le symbole de la lutte contre la gauche, en disant : « quand on vote FN, on a la gauche et on a Taubira », argumentant sur le laxisme et l'angélisme de la ministre de la justice.

Taubira, « une cible parfaite »

« Taubira est une cible parfaite, on va bien se marrer », c'est un député UMP qui le dit. La nouvelle ministre de la Justice sera pour un moment le punching ball de la droite. Cela avait commencé avec le député Jean-Paul Garraud, inquiet de la vision très communautariste et indépendantiste de la Guyanaise. Et cela continue avec le relais de fausses rumeurs venues d'Internet, expliquant que Christiane Taubira avait déclaré qu'il n'était pas grave de brûler le drapeau français. Chose qu'elle n'a jamais dite. Humour de l'UMP ensuite quand lors de sa première sortie, un match de basket entre détenu et surveillant de prison, l'un des joueurs en permission s'est évadé. Enfin, c'est le thème de l'angélisme de la garde des sceaux qui revient, après sa décision de supprimer les tribunaux correctionnels pour mineurs.

« En votant FN, on a la gauche qui passe, on a Taubira »

Jean François Copé, le secrétaire général de l'UMP a fait de Christiane Taubira une cible privilégiée. Il s'exprimait hier, lors d'une conférence de presse. L'UMP et ses alliés doivent « s'adresser à ceux de nos compatriotes qui ont voté Front national à la présidentielle et leur dire 'attention, l'expression du ras-le-bol, de l'exaspération a pour conséquence de faire passer la gauche, parce qu'il y a une alliance objective entre Marine Le Pen et François Hollande' », a-t-il dit. « Je dis aux Français qui veulent ou ont envie de voter Front national, qu'en votant Front national, on a la gauche qui passe, quand on vote Front national, on a Taubira et l'annulation des tribunaux correctionnels pour mineurs qui ont commis des actes passibles de plus de trois ans de prison », a-t-il ajouté.

« Taubira ne connaît pas le domaine de la justice»

Jean Paul Garraud est député UMP, secrétaire national à l'UMP chargé de la justice. Selon lui ce n’est pas la personnalité de Christiane Taubira qui en fait une cible pour l’UMP : « Madame Taubira, c’est une question de casting. Je n’ai rien de personnel contre elle, mais c’est une personne qui ne connaît pas le domaine de la justice. Ce n’est pas une histoire de personnalité mais de prise de position. Mme Taubira a toujours pris des positions très tranchées avec sa vision de militante indépendantiste guyanaise qui est en contradiction flagrante avec le rôle premier d’un garde des Sceaux qui doit être là pour l’unité de la nation. Ensuite les premières décisions de Christiane Taubira sont quand même très emblématiques. Supprimer le tribunal correctionnel pour mineurs c’est méconnaître la délinquance des mineurs. C’est une décision idéologique ».

« Des attaques discourtoises »

Jean-Jacques Urvoas est député socialiste du Finistère, chargé des questions de sécurité au PS. Pour lui, ces attaques contre Christiane Taubira sont assez grossières : « Ces attaques, c’est une manière assez discourtoise de parler d’une personne qui depuis des années siège à l’Assemblée nationale. Elle a une technicité que personne ne songe à contester. L’opposition apprend à être l’opposition donc elle le fait avec beaucoup d’exagération parce quand elle était dans la majorité elle était déjà dans l’excès. Aujourd’hui, l’opposition se concentre sur Christiane Taubira, je suis convaincu que d’ici la fin de la semaine ils iront chercher une nouvelle victime. De toute façon pour l’opposition, les ministres ont un défaut : ils sont ministres ».