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Calais: le démantèlement de la "Jungle" va continuer assure le gouvernement

Entre 6.900 et 10.000 migrants vivent dans la "jungle" de Calais

Entre 6.900 et 10.000 migrants vivent dans la "jungle" de Calais - BFMTV

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, se rend aujourd'hui dans la "jungle" de Calais. Le gouvernement souhaite continuer le "démantèlement par étape" du plus grand camp de migrants dans le pays. Nathalie Bouchart, la maire de la ville, dénonce quant à elle "l'impuissance" du gouvernement face à la jungle.

C'est le plus grand bidonville de France. Et le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, veut prendre le problème à bras-le-corps. Le ministre se rend ce vendredi dans la "jungle" de Calais, où vivent aujourd'hui entre 6.900 et 10.000 migrants. Jamais le camp n'avait été aussi peuplé depuis sa création au printemps 2015.

Bernard Cazeneuve a annoncé que le gouvernement allait poursuivre "le démantèlement par étapes" du camp de migrants de Calais. C'est la huitième visite du locataire de Beauvau dans la "jungle". 

En février dernier, les autorités avait procédé au démantèlement de la zone sud, avant de s'attaquer à la zone nord du camp. Le camp est divisé, mais les arrivées sont quotidiennes. "Mon intention est bien de poursuivre avec la plus grande détermination." a annoncé Bernard Cazeneuve dans un entretien à Nord Littoral.

"Le gouvernement est impuissant face à la jungle"

Natacha Bouchart, Les Républicains, est la maire de Calais, elle réclame le démantèlement de la "jungle".

 "Si nous en sommes là, c'est parce que le gouvernement n'a pas écouté mes propositions. Je l'ai dis au ministre de l'Intérieur, les Calaisiens ont donné plus qu'il n'en fallait, en terme d'humanité, et sans regret, mais le ministre de l'Intérieur devait assurer le démantèlement du camp." a-t-elle réagi ce matin au micro de BFMTV.

"Le gouvernement est impuissant face à la jungle", continue-t-elle. Bernard Cazeneuve "devait assurer l'ordre public, ça n'a pas été fait", a déploré la maire de Calais.

Aujourd'hui, le camp est surpeuplé. Pas assez de douches ni de toilettes, et des bouches à nourrir de plus en plus nombreuses. 

"Les conditions de vie sont très mauvaises, depuis que j'ai quitté l'Afghanistan, je suis malade", explique un migrant à BFMTV. Mohammed est arrivé il y a 10 jours, et cherche à rejoindre le Royaume-Uni. "Si je dois rester ici, je préférerais retourner en Afghanistan", continue ce migrant, qui a quitté son pays il y a maintenant quatre ans.

Intensifier les départs volontaires 

L'Etat espère intensifier les départs volontaires de Calais. D'ici la fin de l'année, 2.000 nouvelles places d'hébergements seront créées en Centre d'accueil et d'orientation (CAO), et 6.000 places en Centre d'accueil pour demandeurs d'asile (CADA) à travers le pays. 

L'Etat entend aussi créer 5.000 nouvelles places d'hébergement d'urgence pour demandeurs d'asile en 2017 qui s'ajouteront aux "10.000 places en CADA" créées "depuis le début du quinquennat, alors que si peu avait été fait par le passé", poursuit le locataire de Beauvau. 

Un renfort des forces de l'ordre 

Par ailleurs, 200 personnes vont venir renforcer l'effectif des forces de l'ordre déjà présentes sur place. Des forces déployées, selon Bernard Cazeneuve, " pour la sécurité des riverains de la rocade et du centre-ville" et "pour renforcer la lutte contre ces assauts de camions sur la rocade".

Le président de la République, François Hollande, se rendra quant à lui fin septembre dans la cité portuaire pour "poser la première pierre de Port Calais 2015" et s'adresser "à tous les Calaisiens", détaille son ministre de l'Intérieur. 

Les commerçants de Calais en colère

A Calais, les commerçants de la ville sont rassemblés sous l'union commerciale de Calais Centre et du collectif des entreprises et commerces du Calaisis. Leur président, Frédéric Van Gansbeke, s'est exprimé sur BFMTV, il demande au ministre de l'Intérieur une date définitive du démantèlement. 

"Aujourd'hui, nous disons stop et tapons un grand coup sur la table. Lundi, nous allons bloquer l'ensemble du réseau routier de Calais. (...) Il y a des attaques incessantes toutes les nuits pour les routiers sur la rocade portuaire, l'ensemble des marchandises sont détruites, les bâches sont lacérées. Un jour, il y aura un drame."

Par ailleurs, le président du collectif des entreprises et commerces du Calaisis demande au gouvernement de mettre en place un système de comptage dans la "jungle", pour "savoir qui est quoi et qui fait quoi".

Marine Henriot, Kelly Laffin, Lionel Top et Valériane Porcher