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Cahuzac, l’absent le plus présent

Les Coulisses de la Politique, de Jean-François Achilli, du lundi au vendredi à 7h20 sur RMC

Les Coulisses de la Politique, de Jean-François Achilli, du lundi au vendredi à 7h20 sur RMC - -

Ça n’a pas traîné : Jérôme Cahuzac a été officiellement exclu du PS hier. Va-t-il revenir à l’Assemblée nationale ? La question hante ses anciens amis, qui l’ont à peu près tous lâché, les uns après les autres.

Celui qui fut le ministre le plus doué du gouvernement est devenu un pestiféré. Jérôme Cahuzac a quitté Paris depuis une dizaine de jours pour se mettre au vert et encaisse les coups de tous ceux qui hier le fréquentaient ou le courtisaient. Le Bureau National du PS, présidé par Harlem Désir, a prononcé son exclusion à l’unanimité, et s’est fendu d’un communiqué des plus sévères : actes inacceptables, fraude au fisc, mensonges au président de la République, aux Français, préjudice grave au parti… Les mots ont été choisis avec zèle pour exécuter le coupable. Il ne reste au paria que quelques rares alliés, avec qui il converse encore au téléphone, jusqu’à la nausée, et le cordon sanitaire constitué autour de lui pour assurer sa défense.

Peut-il redevenir député du Lot-et-Garonne ?

Rien ne l’empêche sur le papier de retourner au Palais-Bourbon, depuis la réforme constitutionnelle de 2008, qui permet à un ex-ministre de retrouver son fauteuil de parlementaire un mois après. S’il n’y renonce pas, Jérôme Cahuzac redeviendra député le samedi 20 avril à zéro heure. Dans moins de trois semaines.

Et la justice ne peut pas l’en empêcher ?

Dans l’immédiat, non. L’enquête pour blanchiment de fraude fiscale est partie pour durer. Jérôme Cahuzac, s’il revient, peut conserver son poste, tant qu’il n’est pas condamné à une peine le privant de ses droits civiques. Ce qui pourrait lui arriver, puisqu’il a menti dans ses déclarations de patrimoine.

Mais qu’est-ce qu’il va décider dans les semaines qui viennent ?

Jérôme Cahuzac est traversé par des pensées contradictoires, selon l’un de ses amis. Pour lui, l’équation est simple : s’il renonce à son fauteuil de député avant le 20 avril, son suppléant reste en place. Dans le cas contraire, s’il retrouve son poste, la foudre va s’abattre sur lui. Il peut démissionner après le 20 avril, et provoquer une législative partielle, à laquelle il pourrait se présenter: l’idée, assez osée, se solderait sans doute par une défaite.

Il y pense sérieusement ?

Oui et non, il est trop tôt, les blessures ne sont pas refermées localement. Mais ce scénario, qui ne manque pas de panache, selon un proche, lui permettrait de retrouver un peu de dignité. Certains au PS, encore anonymes, commencent à se lasser du lâchage collectif dont il fait l’objet : « ce n’est pas maintenant qu’il fait le choix de la vérité qu’il faut le frapper d’indignité nationale tous les jours », s’irrite un ténor socialiste. Jérôme Cahuzac, responsable du chaos que l’on sait, finira bien par revenir à la lumière et livrer enfin ses propres vérités.

Ecoutez ici les Coulisses de la Politique de Jean-François Achilli de ce mardi 9 Avril.

Jean-François Achilli|||

Directeur de la Rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV

Il intègre la rédaction de France Inter en 1998, puis le service politique en 2000, dont il prend la direction en septembre 2008. Il rejoint RMC en décembre 2012 comme directeur de la rédaction et éditorialiste RMC/BFMTV.

>> Suivez-le sur Twitter @jfachilli

Jean-François Achilli