Cahuzac : « Je suis le bouc émissaire idéal »

Jérôme Cahuzac dit être le bouc émissaire idéal de toutes les turpitudes politiques. - -
Un bouc émissaire idéal, c'est ainsi que se qualifie Jérôme Cahuzac. L'ancien ministre socialiste du Budget affirme également sur Europe 1 qu'il n'y avait aucun sous-entendu dans ses propos d'avril dernier quand il disait ignorer ce que François Hollande connaissait exactement de l'affaire. « Je suis le bouc émissaire idéal de toutes les turpitudes politiques. On m'a comparé à Stavisky. C'est moi aussi qui suis responsable des huit partielles perdues par la majorité, ou encore de la montée du FN », déplore-t-il. Jérôme Cahuzac s'indigne de voir son nom associé à celui de l'homme d'affaires Bernard Tapie entendu dans l'enquête sur l'arbitrage qui lui a permis d'obtenir 403 millions d'euros en 2008 pour solder son litige avec le Crédit Lyonnais. « Le pire pour moi, c'est que mon nom puisse être associé à celui de Bernard Tapie, alors que c'est grâce à moi que l'affaire de l'arbitrage a été relancée », dit-il.
Jérôme Cahuzac doit être entendu par les députés sur les éventuels dysfonctionnements dans l'appareil d'Etat entre le début de l'affaire avec les révélations du site d'information Médiapart le 4 décembre 2012 et ses aveux le 2 avril dernier. Il sera notamment interrogé sur la façon dont il a dissimulé ses comptes en Suisse puis à Singapour et sur ce que l'Elysée et le gouvernement pouvaient connaître de l'affaire.
« Il n'y avait pas de sous-entendu »
De son côté, le président UDI de la commission d'enquête, Charles de Courson, a dit oser espérer que la prestation de serment ait un sens pour toutes les personnes entendues à ce jour comme pour l'ancien ministre du Budget. « Dans le Code pénal français, quand on prête serment et qu'on prouve que vous avez menti, on peut saisir la justice pour une condamnation », a-t-il expliqué. Jérôme Cahuzac affirme qu'il répondra « le plus sincèrement possible » aux questions qui lui seront posées. Lors d'une intervention sur BFM TV le 16 avril, il avait confié ne pas avoir dit la vérité à François Hollande, tout en laissant planer un doute sur ce que savait le chef de l'Etat. « J'ignore quel est son degré de connaissance de cette affaire », avait-il dit. Interrogé sur le sens de cette phrase, il répond : « Je ne sais pas. Quand j'ai évoqué François Hollande, il n'y avait pas de sous-entendu ».
Aucune ambition pour la mairie
Jérôme Cahuzac dément par ailleurs être intervenu dans la législative partielle provoquée à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) à la suite de sa démission et qui a vu l'élimination du candidat PS au premier tour et un score élevé du Front national. « Ce sont des fantasmes de journalistes. Contrairement à ce qui a été écrit, je n'ai aucune ambition pour la mairie ». Charles de Courson a annoncé que la commission prévoyait d'auditionner Pierre Condamin-Gerbier, l'ex-banquier de la banque suisse Reyl, qui a dit détenir les preuves qu'une quinzaine de personnalités politiques françaises, dont un ministre en exercice, ont pratiqué l'évasion fiscale. « Nous voudrions savoir comment sont montés les comptes, comment ils sont dissimulés », a-t-il expliqué.