Bruxelles et Paris calment le jeu sur les Roms

Une famille de Roms quitte un camp illégal à Villeneuve d'Ascq, dans le Nord. Bruxelles et Paris ont cherché vendredi à normaliser leurs relations au lendemain d'un vif échange entre Nicolas Sarkozy et José Manuel Barroso au sujet de la politique français - -
BRUXELLES (Reuters) - Bruxelles et Paris ont cherché vendredi à normaliser leurs relations au lendemain d'un vif échange entre Nicolas Sarkozy et José Manuel Barroso au sujet de la politique française à l'égard des Roms.
Afin de ne pas froisser les autorités françaises, la Commission européenne devrait adopter une procédure d'infraction pour mauvaise transposition de la directive de 2004 sur la liberté de circulation contre un nombre important de pays, a-t-on appris auprès de plusieurs sources communautaires.
"Il a été suggéré à José Manuel Barroso de traiter le cas français dans le cadre du paquet mensuel d'infraction, pour que la France ne reçoive pas de traitement particulier, ne soit pas singularisée", a dit l'une de ces sources, précisant que le prochain paquet serait adopté le 30 septembre.
"Lors d'un rapport de 2008, pas moins de 25 pays ont été identifiés comme ne transposant pas bien cette directive. j'imagine que les 25 ne seront pas concernés, mais le nombre final dépendra de l'analyse juridique de la Commission, qui sera finalisée très prochainement", a-t-elle ajouté.
De source proche de l'exécutif communautaire comme des autorités françaises, on indiquait par ailleurs vendredi que l'heure était à l'apaisement après les divergences apparues lors du Conseil européen autour du sort réservé par Paris aux Roms.
LETTRE D'EXPLICATION
"Les interventions de Nicolas Sarkozy, José Manuel Barroso et Herman Van Rompuy étaient cohérentes. Cela laisse à penser qu'un accord politique est intervenu et que les choses vont maintenant rentrer dans l'ordre", a expliqué un diplomate.
"Après un moment d'inquiétude, cela va mieux", a-t-il ajouté, précisant que le débat allait se dépassionner et revenir sur un terrain beaucoup plus technique. Un autre diplomate a indiqué que "le ton s'(était) très clairement calmé".
La France doit désormais faire parvenir dans les toutes prochaines heures une lettre d'explication à Viviane Reding après la découverte le week-end dernier d'une circulaire du ministère de l'Intérieur en date du 5 août appelant à démanteler en priorité les camps de Roms.
La commissaire européenne à la Justice et aux droits fondamentaux avait réagi lundi en critiquant vivement la politique française.
"J'ai été personnellement consternée de cette situation dans laquelle les gens sont expulsés d'un Etat membre de l'UE simplement parce qu'ils appartiennent à une certaine minorité ethnique", avait-elle déclaré avant d'ajouter: "C'est une situation que j'espérais que l'Europe n'aurait pas à vivre à nouveau après la Deuxième Guerre mondiale."
Ces propos ont été jugés inacceptables et outranciers par la France et Viviane Reding a déclaré mercredi regretter "les interprétations qui détournent l'attention du problème qu'il faut maintenant résoudre".
"Je n'ai en aucun cas voulu établir un parallèle entre la Seconde Guerre mondiale et les actions du gouvernement français d'aujourd'hui", a-t-elle souligné dans sa mise au point.
Julien Toyer, édité par Gilles Trequesser