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Politique

Brignoles, « la mort des partis traditionnels »

Véronique Jacquier

Véronique Jacquier - -

Le Front National remporte l'élection cantonale partielle de Brignoles. En coulisses, à l'UMP comme au PS, on ne le crie pas trop fort, mais on reconnait que le FN, avec cette victoire, s'installe dans le paysage. Qu'il a réussi sa dédiabolisation...

Ils le disent en coulisses : « Le FN fait jeu égal avec nous. C'est la mort des partis traditionnels ». Dans les états-majors, les socialistes et les UMP sont même d'accord sur un point: « Il faut changer de logiciels pour affronter le Front National ». Pourquoi ? Parce que jusqu'à présent, m'a dit un député UMP « on parlait du FN comme d'un parti national, incapable d'exister localement. Mais depuis hier soir, avec un score sans appel du candidat FN sur la candidate UMP, ce n'est plus vrai. Il y a une offre politique locale ». Ensuite, les ténors de l'UMP et du PS constatent que le Front Républicain ne marche pas.

Il faut changer de logiciel mais ont-ils des idées ? Est-ce la panique dans les états-majors de l'UMP et du PS ?

A l'UMP, ce n'est pas la panique. Pour les municipales, les députés se disent que les socialistes vont tomber tellement bas qu'ils vont mieux s'en sortir. François Fillon et Jean-François Copé imputent le résultat de Brignoles à la défaite de la gauche. Mais en coulisses, un député a employé ce mot: « Maintenant, on est une digue pour empêcher la montée du Front National ». Comme si le parti de la droite républicaine était en position de défense face à une montée inexorable du FN ! « On est fautif » m'a dit un autre député qui trouve comme excuse la guerre des chefs. Un autre me confie: « C’est à cause du quinquennat de Nicolas Sarkozy. On a fait que des demi-réformes. Résultat le Front National parle à notre place sur l'éducation, sur l'immigration, sur la sécurité… »

Et quelle leçon les socialistes tirent-ils de la défaite de Brignoles ?

Officiellement, ils relativisent. C'est une élection cantonale partielle. Et Brignoles avait déjà élu un Conseiller général FN en 2011. Mais en coulisses monte la peur d'un vote sanction lors des élections municipales. La gauche a perdu 12 élections, 9 élections législatives et 3 cantonales depuis l'élection de François Hollande. J'ai eu un élu socialiste au téléphone: « on va aller sur le terrain expliquer aux Français notre politique. Montrer qu'il y a des signes encourageants de reprise économique ». Un ministre très proche de François Hollande résume les choses : « Brignoles c'est une chose, ce qu'il faudra bien regarder c'est combien de villes tombent entre les mains du FN lors des municipales. Si c'est trois, ce n'est pas grand-chose, si c'est plus de 5/6 c'est inquiétant. Ca va créer un sacré appel d'air pour voter Front National ». On voit bien qu'à gauche comme à droite il y a peu d'autocritique... Peu de remise en cause... Pour la plus grande joie du Front National !

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La rédaction