Borloo, Morin veulent unifier le centre déçu par le remaniement

La bataille pour le rassemblement des centristes dans la perspective de l'élection présidentielle de 2012 a commencé lundi, au lendemain d'un remaniement dont ils sont les grands perdants. Les ex-ministres de l'Ecologie Jean-Louis Borloo (en haut) et de l - -
par Yann Le Guernigou
PARIS (Reuters) - La bataille pour le rassemblement des centristes dans la perspective de l'élection présidentielle de 2012 a commencé lundi, au lendemain d'un remaniement dont ils sont les grands perdants.
Les ex-ministres de l'Ecologie Jean-Louis Borloo et de la Défense Hervé Morin, qui entendent chacun de leur côté mener ce combat, sont convenus de se retrouver mardi "pour aborder ensemble la totalité des sujets", a indiqué le second.
Derrière les velléités de rassemblement d'une famille politique atomisée entre une partie de l'UMP, le Nouveau Centre ou l'Union centriste, l'enjeu est la présence d'un candidat de centre-droit en 2012.
Cette perspective était assumée depuis plusieurs mois par Hervé Morin, qui risque désormais de retrouver sur sa route son ancien collègue de l'Environnement.
Les deux hommes avaient pris leurs marques dès dimanche, annonçant chacun de leur côté leur départ avant même la présentation officielle du gouvernement par l'Elysée.
La sensibilité centriste y est désormais limitée à trois représentants, dont un UMP - le ministre délégué aux Collectivités territoriales Philippe Richert - contre sept dans le cabinet précédent.
Surtout, elle ne dispose plus de poids lourd avec la sortie de Jean-Louis Borloo, président du Parti radical associé à l'UMP.
Dépité d'avoir été battu par François Fillon dans la course à Matignon, le ministre de l'Ecologie a indiqué qu'il avait préféré retrouver "sa liberté de proposition et de parole" plutôt qu'un autre poste gouvernemental.
Il devait réunir ses amis lundi soir pour faire le point de la situation, avec un objectif, celui de "construire un pôle d'équilibre qui sera nécessaire à la majorité présidentielle", a dit une de ses alliées, l'ancienne secrétaire d'Etat Valérie Létard.
LE SORT DE MORIN SCELLÉ DEPUIS AVRIL
Le Nouveau Centre (NC) Hervé Morin, qui fustige depuis dimanche un gouvernement de combat "refermé sur sa base UMP, sinon RPR" et constitué pour la campagne de 2012, a lancé pour sa part un appel au rassemblement en vue d'un "projet autonome" mais au sein de la majorité pour la présidentielle.
Celui-ci s'accompagnerait d'une candidature dont Nicolas Sarkozy, partisan de l'unité de la droite traditionnelle dès le premier tour, ne veut pas entendre parler à ce jour.
Hervé Morin a confirmé que son sort comme ministre "était scellé depuis avril", à partir du moment où le NC, créé par les anciens amis de François Bayrou qui ont rallié Nicolas Sarkozy entre les deux tours de la dernière présidentielle, a décidé de présenter un candidat en 2012.
Il a annoncé son intention de réunir à partir de mardi les différentes instances de la formation puis un conseil national extraordinaire avant la fin de l'année pour valider cette démarche dans la nouvelle donne créée par le remaniement.
Si le NC s'est rangé jusqu'ici derrière son président, un certain nombre de ses responsables ne cachent pas en privé leurs doutes sur sa démarche au vu notamment de sa faible notoriété.
Le numéro deux de la formation, Jean-Christophe Lagarde, est au nombre de ceux qui ont participé aux réunions des amis de Jean-Louis Borloo, jugé par beaucoup plus crédible pour mener une campagne.
Membre de l'UMP, l'ancien ministre de l'Environnement ne présentait pas jusqu'ici les garanties d'une véritable indépendance aux yeux du NC.
La situation est susceptible d'évoluer, Valérie Létard déclarant lundi que la question du maintien du Parti radical au sein de l'UMP se posait. De même, cette très proche de Jean-Louis Borloo a déclaré que la question d'une candidature en 2012 devait être abordée.
Pour le député Philippe Vigié, porte-parole adjoint du NC, la composition du nouveau gouvernement rend d'autant plus nécessaire la présence d'un centriste à la présidentielle.
"Sinon on ne voit pas comment la droite pourra gagner l'élection présidentielle, comment elle pourra passer de 30% à 50% entre le premier et le deuxième tour", a-t-il dit.
Avec Clément Guillou, édité par Yves Clarisse