Batho règle ses comptes et met en cause Jean-Marc Ayrault

Delphine Batho, lors de sa conférence de presse ce jeudi, à Paris. « En aucun cas je n'ai manqué à la solidarité gouvernementale », a-t-elle déclaré 48h après son éviction du gouvernement. - -
Quarante-huit heures après avoir été limogée, l’ex-ministre de l’Ecologie Delphine Batho a lancé jeudi à Paris une attaque en règle contre la politique environnementale du gouvernement, et contre le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Delphine Batho a eu le temps depuis son éviction mardi de bien choisir ses mots et de les assumer. La colère est froide. Alors, d’un ton assuré, les accusations claquent.
Limogée du gouvernement pour avoir qualifié le projet de budget 2014 de « mauvais », parce qu’il prévoit notamment une baisse de 7% du budget alloué à l’écologie, l'ancienne ministre socialiste a d’abord assuré « qu’en aucun cas » elle n’avait « manqué à la solidarité gouvernementale », comme il le lui a été reproché. Selon elle, ce budget est « un tournant par rapport à la volonté de mener à bien la transition écologique ». « Je n'ai pas accepté cela en silence », a-t-elle expliqué, se revendiquant un statut de « lanceuse d'alerte ».
Le gouvernement a cédé à « certaines forces économiques »
On lui reproche un manque de solidarité, mais elle aussi a mis en avant le manque de solidarité du gouvernement envers elle. Pour Delphine Batho, l'exécutif a cédé à « certaines forces économiques », liées notamment au gaz de schiste et au nucléaire, qui « voulaient (s)a tête ». « Ces forces ne se sont pas cachées de vouloir ma tête, mais si le gouvernement avait été solidaire, elles n'y seraient pas parvenues », a-t-elle ajouté. L’ancienne ministre s'en est également pris au patron de l'entreprise de tubes en acier Vallourec, Philippe Crouzet, époux de Sylvie Hubac, directrice de cabinet du président François Hollande. « Est-il normal que le patron de l'entreprise Vallourec directement intéressé par l'exploitation des gaz de schiste ait pu annoncer ma marginalisation des semaines à l'avance devant des responsables de son entreprise aux USA ? » a-t-elle demandé.
« Je n'accepte pas le tournant de la rigueur »
Elle a ensuite mis en cause Jean-Marc Ayrault et sa politique. « Quelque chose a changé (...) mes demandes budgétaires sont remontées à l'arbitrage du Premier ministre qui procède aux arbitrages sans discussion directe avec les ministres concernés », a-t-elle d’abord condamné. « Ce que je n'accepte pas, ce n'est pas de faire des compromis, c'est le tournant de la rigueur qui ne dit pas son nom et qui prépare la marche au pouvoir de l'extrême droite dans notre pays », a déclaré l'ex-ministre socialiste. « Ce dont il est question, ce n'est pas d'un poste ministériel, c'est du droit de ma génération à avoir des espoirs et à agir. Le temps est venu de reprendre la main du changement, j'appelle la gauche à un sursaut en faveur de l'écologie de l'espoir et des générations futures », a-t-elle enfin ajouté.
Delphine Batho s'explique sur RMC et BFMTV|||
Vendredi 5 juillet de 8h35 à 9h, Delphine Batho, limogée mardi de son poste de ministre de l'Ecologie, s'expliquera en direct face à Jean-Jacques Bourdin dans Bourdin Direct.
Jean-Jacques Bourdin est en simultané sur RMC Découverte de 6h à 8h30 et sur BFMTV de 8h35 à 9h.