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Baromètre des éditorialistes - "Le gouvernement doit faire la pédagogie de son budget"

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Le premier budget de l'ère Macron a été dévoilé ce mercredi par l'exécutif. Et il est accusé par ses détracteurs de favoriser les plus riches. Un sujet qui divise les éditorialistes de BFMTV.

Le gouvernement a détaillé ce mercredi les mesures d'économies contenues dans son projet de loi de finances (PLF) pour 2018, avec une baisse des prélèvements, moins forte que prévu, et des hausses de dépenses ciblées sur certains ministères. Parmi les mesures annoncées, une réforme de l'ISF, l'impôt sur la fortune, transformé en IFI, impôt sur la fortune immobilière. Un mauvais signal pour la gauche, qui dénonce un budget favorisant les plus riches. Pour les éditorialistes de BFMTV, la faute revient au gouvernement, qui n'a pas fait le nécessaire travail de pédagogie autour de ce budget.

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> Laurent Neumann: "Le gouvernement doit faire la pédagogie de son propre budget"

"Le gouvernement dit que ce budget a été conçu pour redonner du pouvoir d’achat à ceux qui travaillent, et du côté de ses adversaires, notamment à gauche, on dit que c’est un budget pour les riches, ce qui accrédite la thèse, depuis son élection, qu’Emmanuel Macron serait le président des riches. Quand on fait un budget, il y a toujours une mesure symbolique. Là elle est assez claire, le marqueur politique c’est la réforme de l’ISF, la transformation de l’impôt de solidarité sur la fortune en un impôt sur la fortune immobilière. Pour tous à gauche, ça veut dire qu’en gros on fait un formidable cadeau aux riches. Donc il faut faire de la pédagogie et expliquer pourquoi cette transformation serait en fait une incitation pour les plus riches à investir dans l’économie. Je dis bien 'serait', parce que cela reste à démontrer. De la même manière, si l'on veut savoir si c’est un budget de droite ou de gauche, il faut regarder le budget dans son ensemble: quand on augmente la CSG, il y aura forcément des gagnants et des perdants. Quand à l’inverse on crée un crédit d’impôts pour les emplois à domicile, pour ceux qui ont les plus faibles revenus, par définition on peut considérer que c’est une mesure de gauche. Un budget ça s’apprécie dans l’ensemble. Mais pour savoir s’il penche d’un côté ou de l’autre, il faut faire de la pédagogie. Le gouvernement est en train difficilement, de faire la pédagogie de son propre budget. Pour le moment ça n’est pas gagné. Et cette idée que ce budget serait favorable aux plus aisés commence à perdurer donc il est temps pour le gouvernement de l’expliquer, c’est à ça aussi que sert un débat parlementaire, ça sert aussi à faire de la pédagogie, et cette pédagogie-là, elle n’est pas encore réussie."

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> Christophe Barbier: "Non, ce budget n'est pas fait pour les riches"

"Non ce budget n’est pas fait pour les riches, et pourtant il en a l’apparence. Et la gauche va se régaler. Pourquoi? Parce que la pédagogie n’a pas été faite sur l’un des éléments les plus saillants, la fin de l’ISF. Il est remplacé par l’IFI, l’impôt sur la fortune immobilière. La pédagogie est compliquée, c’est vrai que c’est difficile de dire aux Français ‘on incite fortement les riches à mettre leur argent dans l’économie active, à prendre des parts dans les entreprises, des actions, faire travailler cet argent pour que cela crée de la richesse et de l’emploi. Et on punit les riches qui ont choisi d’être des rentiers. ‘J’achète des appartements, j’achète des immeubles, je les loue et l’argent tombe.’ L’argent qui dort, dont François Mitterrand se moquait. On n’a pas fait la pédagogie de ça. Edouard Philippe la semaine dernière encore traitait cela comme si c’était une évidence; comme si tout Français, même n’ayant pas le bac, pouvait comprendre cela. Non. Il faut reprendre à zéro sinon ça restera dans l’histoire un budget pour les riches, alors que ce n’est pas cela. La pédagogie n’a pas été bien faite non plus sur l’Allocation adulte handicapé, le minimum vieillesse, la prime d’activité, autant d’instruments dans ce budget qui favorisent plutôt les classes moyennes et les classes inférieures. L’exonération de la taxe d’habitation par contre n’est pas un cadeau fait à toute la classe moyenne. J’ai peur que la réalité perçue plus tard soit inférieure à l’espoir nourri aujourd’hui par des gens qui voudraient remettre de l’argent dans leur consommation."

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> Emmanuel Lechrypre: "Un budget pour les riches, ceux qui sont déjà protégés"

"En gros, si on fait de l'économie, c'est vrai que c'est le budget qui favorise les investisseurs et les salariés. Si on fait de la politique, on dira que c'est un budget pour les riches et ceux qui sont déjà protégés, c'est-à-dire ceux qui sont déjà en CDI.

Alors c'est vrai, ce budget avantage les salariés avec la baisse des cotisations sociales qui fera plus que compenser la hausse de la CSG. C'est vrai que c'est un budget qui favorise les hauts revenus avec cette mesure phare, celle qui aura le plus d'impact sur notre activité économique qui est la baisse de la fiscalité sur le capital ramené à 30%. Il faut rappeler que c'était un gros défaut de la fiscalité française, vous êtes taxé jusqu'à 70% sur les revenus du capital quand c'est 30% chez nos voisins avec aussi la suppression de l'ISF pour un impôt qui ne concerne plus que l 'immobilier.

C'est vrai que c'est un programme qui défavorise les retraités moyens, qui réduits les aides aux logement et les emplois aidés. En revanche, sur l'ampleur des mesures, on peut penser qu'il aurait pu mieux faire."

C.V.