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Politique

Ayrault présente son programme « Investir pour la France »

L’enveloppe devrait être de 10 à 12 milliards d'euros assortie d'un emprunt limité.

L’enveloppe devrait être de 10 à 12 milliards d'euros assortie d'un emprunt limité. - -

Jean-Marc Ayrault présente ce mardi son programme « Investir pour la France », un plan de 10 à 12 milliards d’euros pour développer l’industrie, la recherche, la transition écologique et les nouvelles technologies. Le plan prévoit notamment d’insister sur le très haut débit ou encore le Grand Paris.

Des milliards pour mieux envisager demain. Jean-Marc Ayrault présente ce mardi à Paris son programme « Investir pour la France » destiné à financer des projets pour la décennie à venir grâce à une enveloppe de 10 à 12 milliards d'euros.
Industrie, recherche, transition écologique et nouvelles technologies sont les grands axes du train de mesures destiné à installer des outils sur lesquels appuyer une croissance française qui se fait toujours attendre. Selon plusieurs sources gouvernementales, ce plan présenté par le Premier ministre à 17h à l'université Pierre et Marie Curie sera assorti d'un emprunt d'un montant limité pour lever une partie des fonds. Le Commissariat général à l'investissement, dirigé par Louis Gallois, a proposé aux services de Matignon de lui affecter entre 10 et 12 milliards d'euros dans le cadre du plan d'investissement. « La fourchette haute » devrait être retenue, indiquent des sources proches du dossier. L'Etat devrait accélérer ses cessions de participations dans des entreprises pour contribuer au financement, après plusieurs opérations de ce type ces derniers mois. L'Etat a déjà vendu des participations dans EADS, Safran et Aéroports de Paris et compte poursuivre cette politique pour dégager des marges de manœuvre. La Caisse des dépôts, son bras armé financier, pourrait être mise à contribution.

Le très haut débit pour 70% de la population en 2020

Le plan d'investissement regroupera des initiatives déjà annoncées comme le plan de développement du numérique. La disparition de la fracture numérique est en effet l’une des quatre priorités du plan. L’objectif est que 70% des Français aient accès au très haut débit à l'horizon 2020 et l’argent servira à accélérer l'implantation des compteurs électriques nouvelle génération appelés « Linky » qui permettennt de calculer et facturer la consommation réelle d’électricité. Mais avant d’en arriver là, d’autres zones devraient déjà simplement profiter du haut débit. Car aujourd'hui, les Français sont inégaux face au numérique et tous les territoires ne partent pas avec les mêmes avantages. 

« Un quart d’heure pour envoyer un mail »

Ainsi en Midi-Pyrénées, 3% des habitants ont du mal à se connecter, voire ne peuvent pas du tout accéder à Internet. Et travailler dans ces « zones blanches », ces secteurs qui ne sont pas desservis par le haut débit, est parfois un calvaire. « Pour envoyer des mails, ça met un quart d’heure, une demi-heure », raconte ainsi Denis Rouquette, gérant d'une entreprise de climatisation dans la commune de Montiron en Haute-Garonne. « Quand je dois envoyer des devis, pour répondre à mes fournisseurs ou mes clients, il y a toujours un temps important, parfois ça ne passe pas. Quand on doit joindre ne serait-ce qu’une image, la photo d’un chantier, le mail ne passe pas. On est dans la France profonde, c’est l’entrepreneuriat à deux vitesses. Il y en a chez qui ça marche très bien, et nous c’est toujours la galère ».

« L’avenir va être vu différemment dans la région »

Le plan doit aussi tirer les enseignements du rapport Duron qui taille dans le vif du Schéma national des infrastructures de transports (Snit). Hérité de l'ère Sarkozy, il comprenait pour 245 milliards d'euros de projets ferroviaires, routiers et fluviaux sur 25 ans mais le rapport préconise l'abandon de projets de lignes TGV ou de nouveaux canaux. Seule une ligne devrait être sauvée, entre Bordeaux et Toulouse. D'autres projets, de moins grande envergure, devraient toutefois être poussés par ces investissements d'avenir. Ainsi, les travaux sur la ligne Paris-Caen devraient bénéficier des investissements d’avenir, car elle fait partie du Grand Paris. Pour Clotilde Valter, député PS de la 3e circonscription du Calvados c’est une bonne nouvelle qui aura des répercussions importantes sur l’économie de la région. « Localement, ça va créer une perspective nouvelle avec des installations d’entreprises et de services qui ne se seraient pas faites s’il n’y avait pas eu cette réduction du temps de transport. Caen est aujourd’hui à deux heures de Paris, si ça passe à une heure et demie c’est clair que ça va induire des choix différents de la part des entreprises. C’est l’avenir qui va être vu différemment au sein de la région ».

Un petit emprunt pour ne pas effrayer les marchés

Le plan d'avenir complétera les investissements d'avenir du « grand emprunt » lancé par Nicolas Sarkozy. Pour financer un programme de 35 milliards d'euros de recherche et d'innovation, le gouvernement de François Fillon avait levé 22 milliards d'euros sur les marchés et apporté le complément via le remboursement du plan d'aide pour les banques. L'emprunt annoncé mardi sera très inférieur aux 22 milliards d'euros empruntés par le précédent gouvernement, pour ne pas effrayer les marchés. Comme sous François Fillon, une part des fonds pourrait être utilisée pour doter des fondations, pour des prêts ou des prises de participation, ce qui ne creusera pas la dette.

M. Chaillot avec S. Collié, JW Forquès et Reuters