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Politique

Austérité : un «changement de cap» délicat pour le gouvernement

Pour de nombreux élus, y compris au PS, politique de l'austérité actuelle est à repenser

Pour de nombreux élus, y compris au PS, politique de l'austérité actuelle est à repenser - -

Alors que les réactions se déchaînent sur les déclarations de patrimoines, mesure phare du projet de moralisation de la vie politique, des élus s'élèvent contre la politique d’austérité tenue par l’exécutif. En pleine tempête Cahuzac, le PS s’écharpe sur la nécessité de maintenir ou non la rigueur budgétaire.

L'idée est loin de ravir la classe politique. Alors que plusieurs élus se sont déjà prêtés au jeu, nombreux sont ceux qui s'y opposent fermement, à droite comme à gauche, où l'on redoute que cette opération transparence vire au grand déballage sans être vraiment efficace.
L’opposition fait aussi entendre sa voix : invitée mardi sur RMC et BFMTV, Christine Boutin a parlé de « démagogie », et de « voyeurisme » face à Jean-Jacques Bourdin.
Mardi à l'Assemblée, le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, a qualifié Jean-Marc Ayrault et le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, d' « anciens repris de justice », en raison de leurs condamnations dans le passé.

« Une politique qui conduit l’Union à la débâcle »

La crise prend une telle ampleur qu’elle s’étend à la direction globale prise par le gouvernement. Certains socialistes réclament « un changement de cap », comme prôné par Eva Joly lundi sur RMC et BFMTV.
Dans une interview accordée au quotidien Le Monde de mardi, Arnaud Montebourg affirme que la politique de l'austérité conduit à la « débâcle ». Le ministre du Redressement productif a ajouté : « Le sérieux budgétaire, s'il tue la croissance, n'est plus sérieux. Il est absurde et dangereux. Il est donc plus que temps d'ouvrir le débat sur cette politique qui conduit l'Union à la débâcle ». Cécile Duflot, la ministre écologique du Logement, estime également qu'une réponse « uniquement centrée sur la baisse des dépenses publiques ne peut pas être une réponse politique durable ».
De son côté, le ministre de l'Economie Pierre Moscovici a de nouveau prôné mardi une « approche équilibrée » entre réduction des déficits et croissance, refusant d'endosser les propos alarmistes d'Arnaud Montebourg.

« Mourir guéri ne sert à rien »

Jérôme Guedj, député PS de l'Essonne et membre de l'aile gauche du parti, énonce l’importance du « tournant de la relance » et la nécessité de faire « d’autres choix ». Il argumente : « on a toujours dit que le sérieux budgétaire était la ligne des socialistes, mais ça ne sert à rien de mourir guéri » .Pour l’élu, « la croissance viendra par un soutien à la consommation, par un investissement public au pouvoir d’achat ».

« Le cap est bon »

A l’inverse, Christophe Castaner maintient la pertinence de la rigueur. « Il ne faut pas changer de cap. Le cap est bon. Il ne faut pas demander au gouvernement de régler en dix mois ce que la droite a mis en l’air pendant dix ans. Il ne faut pas confondre la rigueur dans la gestion et la volonté de mettre en place de l’austérité ». Le député PS des Alpes-de-Haute-Provence ajoute : « nous et les Français sommes favorables à ce qu’on arrête de dépenser plus d’argent que ce qu’on a. Ça ne s’appelle pas de l’austérité, mais de la bonne gestion ». L’élu condamne une remise en question totale de la ligne tenue par l’exécutif : « François Hollande aurait pu renverser la table et faire du cirque, mais c’est très vite du populisme, ça ne marche pas ».

Claire Béziau, avec B.Smadja et JB. Durand