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Après les départs de Maurel et Lienemann, que reste-t-il du PS?

Le logo du Parti Socialiste - Image d'illustration

Le logo du Parti Socialiste - Image d'illustration - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

En pleine crise, le PS doit faire face au départ de deux de ses cadres, Marie-Noëlle Lienemann et Emmanuel Maurel.

Plus d’un an après la cuisante débâcle de Benoît Hamon au premier tour de l’élection présidentielle, le Parti Socialiste ne semble pas s'être remis de sa gueule de bois. Sur fond de lutte intestine, de perte de repères, la formation a été forcée de quitter son emblématique QG de la rue de Solférino et des départs de certains cadres, le parti semble en bien mauvaise posture alors que se profilent les élections européennes de 2019.

Départs en série

Ce samedi, le Conseil National du PS lors duquel sera planifié cette échéance électorale s’annonce musclé. Dans la matinée, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann a annoncé sa volonté de quitter le parti, devenu selon elle un "canard sans tête", afin de créer sa propre formation. L’ancienne ministre déléguée au Logement et au Cadre de vie sous François Mitterrand a de plus affirmé, dans une interview à paraître au JDD, ne pas envisager que l'élection européenne de mai puisse faire rebondir le PS tout en écornant le nouveau premier secrétaire, Olivier Faure.

Ce départ inattendu fait écho à celui, ce vendredi, du député européen Emmanuel Maurel, chef de file de l'aile gauche du PS, qui a obtenu 18,8% des voix lors du Congrès d'Aubervilliers en avril. Décidé à se rapprocher de La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, il avait souligné que les socialistes n’avaient pas "tiré les leçons du quinquennat de François Hollande".

"Le PS ne correspond plus à l'idée que je me fais du socialisme. Son but, c'est la défense des intérêts des gens modestes. La stratégie pour répondre à cet objectif, c'est le rassemblement des forces de gauche. Le PS a perdu de vue et l'objectif, et la stratégie" avait-il détaillé dans les colonnes du Monde.

Au PS, on temporise

Dans les tuyaux depuis plusieurs mois, le départ de Marie-Noëlle Lienemann ne semble pas être un frein important à la bonne santé du parti selon certains cadres du PS. Interrogé par BFMTV, Boris Vallaud, député des Landes, semble pourtant amer. "Elle disait que ceux qui rejoignaient Hamon étaient coupables de vouloir la mort du PS. On peut changer d’avis, on proclame souvent la mort du parti."

Pour lui, l’important est la reconstruction du parti. "C’est un chemin long, incertain, de renaissance. Nous souhaitons être le parti du plus grand nombre, pas comme LaREM qui est le parti de quelques uns seulement, des plus riches."

En ce qui concerne Emmanuel Maurel, la direction du PS avait tenté de minimiser l'événement. Emmanuel Maurel "est seul dans son aventure", avait affirmé à l'Agence France-Presse (AFP) Pierre Jouvet, un proche du premier secrétaire Olivier Faure. Aucun des 13 premiers fédéraux acquis à l'Union et l'espoir ne le suit, avait-t-il précisé vendredi.

Quelle stratégie pour 2019?

Reste que, à quelques mois du premier tour de l’élection européenne, les projections ne sont pas bonnes pour le parti à la rose. Dans un dernier sondage, le PS n’est crédité que de 4,5% d’intentions de vote, au coude-à-coude avec Debout la France et Europe Ecologie-Les Verts et loin de LaREM, du RN et des Républicains. Des chiffres qui alertent, d’autant plus qu’aucune tête d’affiche n’est pour le moment désignée.

"Les discussions se poursuivent sereinement. On ne veut rien précipiter" avait avancé un proche d’Olivier Faure en début de semaine. Plusieurs noms sont bien évoqués pour occuper ce poste. Récemment, l’élu du Sud-Ouest et député européen depuis 2012 Eric Andrieu semblait tenir la corde et assurait se tenir "à la disposition de son parti, et se conformera à la stratégie qui sera souhaitée par le PS". D'autres candidates, Sylvie Guillaume et Christine Revault d'Allonnes, ont également été évoquées.

Méconnues du grand public, ces têtes d’affiche sont des parlementaires actifs à Bruxelles.

Vers un démantèlement total du parti?

Le départ d’une partie de l’aile gauche du PS peut-elle être un appel d’air pour d’autres scissions? Du côté des militants, l'effet se fait déjà sentir puisque le nombre de militants "actifs" est bien moins important qu'il y a quelques semaines. 

A l’heure actuelle, le doute plane quant à la direction prise par Olivier Faure et certains membres dénoncent un repli sur l’aile Hollandaise du parti, sur les anciens fidèles de l’ancien président de la République. Avec son retour à la clé? Sans se prononcer, François hollande semble amorcer depuis quelques semaines maintenant un retour sur le devant de la scène politique.

"La politique ne décroche pas, la vie, les événements, l’actualité sont là. Il y a toujours une suite", prévenait le chef de l'Etat à Cassis, lors d’une dédicace de son livre Les Leçons du pouvoir.

Dans cette attente hypothétique, et en période de remaniement gouvernemental, plusieurs membres du PS auraient été approchés afin de faire leur entrée dans le gouvernement Philippe. Une information confirmée par Olivier Faure, qui assure que Mathieu Klein, proche de Manuel Valls, avait décline l’offre.

"Je crois qu’il reste un attachement à la social-démocratie et à ce que nous pouvons incarner ensemble, même si nous sommes dans une situation de crise" avait-il conclu.

Hugo Septier avec Anne Saurat-Dubois