Affaire Karachi : Morin cible Sarkozy et Bayrou

Le chef du Nouveau Centre, Hervé Morin, a ciblé, sans le nommer, Nicolas Sarkozy, et plus directement le président du MoDem, François Bayrou, dans l'affaire de l'attentat de Karachi. /Photo prise le 15 novembre 2010/REUTERS/Charles Platiau - -
Tous ceux qui ont joué un rôle dans la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995 doivent "dire ce qu'ils savent" pour éclaircir les circonstances de l'attentat, a-t-il dit sur France Info.
Nicolas Sarkozy était porte-parole de la campagne d'Edouard Balladur en 1995. Son audition comme témoin est réclamée par des familles de victimes de l'attentat ayant provoqué la mort de 11 Français en 2002.
Hervé Morin a demandé également l'audition de François Bayrou, son adversaire au centre, lequel a aussitôt dénoncé des "insinuations honteuses" visant à "jeter les soupçons sur les gens honnêtes".
"Je prends le cas de François Bayrou ; il était secrétaire général de l'UDF qui était la principale formation politique qui soutenait Edouard Balladur, il était le président d'une des formations (de l'UDF) qui était le CDS", a dit Hervé Morin.
Moi, j'ai envie de dire à tous ceux qui ont joué un rôle prépondérant dans la campagne d'Edouard Balladur: qu'ils disent ce qu'ils savent de l'organisation de cette campagne... Ils ont peut-être en eux aussi un secret-défense."
François Bayrou a réagi avec vigueur. "Il en a trop dit ou pas assez. Il faut maintenant qu'il s'explique et qu'il assume son venin", a-t-il dit, cité par son entourage.
"Dans le seul but d'exister à tout prix, M. Morin a montré une fois de plus qu'il n'y a pas de limite à la médiocrité", a ajouté le président du MoDem, qui avait réclamé la levée du secret-défense dans ce dossier.
STATUT PÉNAL SPÉCIAL
L'audition de Nicolas Sarkozy, réclamée en raison des éléments apportés par l'ancien ministre de la Défense Charles Millon, a toutes les chances d'être refusée en raison du statut pénal particulier du chef de l'Etat.
L'attentat-suicide commis par un kamikaze à Karachi le 8 mai 2002 avait tué 11 ingénieurs et techniciens français de la Direction des constructions navales (DCN), travaillant à la construction de sous-marins pour le Pakistan.
La piste islamiste évoquée initialement pour cet attentat a été abandonnée et divers renseignements, mais aucune preuve, laissent penser que l'armée pakistanaise a commandité l'attentat en représailles du non-versement d'un reliquat de commissions.
Charles Millon a déclaré au juge Renaud Van Ruymbeke que les paiements avaient été interrompus sur ordre du président Chirac en 1995, après son élection, car il soupçonnait un retour d'argent en France par le biais de "rétrocommissions" pour financer la campagne d'Edouard Balladur, son rival à droite.
Un rapport de police luxembourgeois versé au dossier judiciaire montre que des structures ont été constituées au moment du contrat pakistanais par la DCN au Luxembourg, avec l'aval du ministre du Budget de l'époque, Nicolas Sarkozy.
Il s'agissait non seulement de payer les commissions au Pakistan - pratique légale jusqu'en 2000 - mais aussi, pensent les juges, d'organiser le retour illégal d'une partie des fonds en France.
Clément Guillou, avec Gérard Bon, édité par Patrick Vignal et Gilles Trequesser