Affaire Cahuzac: un remaniement «urgent», juge l'UMP

Les aveux de Cahuzac mettent à mal la « République exemplaire » voulue par François Hollande, dont la série de mesures censées moraliser la vie politique paraît insuffisante aux yeux de l’opposition. Le député UMP Hervé Mariton appelle à un « remaniement complet », alors qu’au PS, Thierry Mandon assure que le gouvernement s’est fait « rouler ».

L’exécutif multiplie les réactions de fermeté à la suite des aveux de Jérôme Cahuzac au sujet de son compte à l’étranger. Jean-Marc Ayrault devant l'Assemblée nationale, a fait part de son « indignation », Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie, s'est lui défendu de toute bienveillance à l’égard de l'ancien ministre du Budget, après les accusations portées par le journaliste de Mediapart Fabrice Arfi mercredi.
François Hollande a annoncé trois mesures de moralisation de la vie politique mercredi dans une allocution, et a assuré que Jérôme Cahuzac n'avait bénéficié « d'aucune protection autre que celle de la présomption d'innocence », cela ne suffit à éteindre le scandale. Le blanchiment de fraude fiscale de l’ex ministre du Budget jette une ombre sur toute la classe politique. Une telle affaire « met le doute sur tout le monde », Laurent Fabius lui-même l’a reconnu mercredi matin sur RMC.fr et BFMTV.

L’opposition exige d’autres mesures

L’opposition s’engouffre dans cette brèche béante. Tandis qu’au Front National, Marine Le Pen demande la dissolution de l’Assemblée Nationale, le MoDem, lance une pétition pour une loi de moralisation de la vie publique. L'UDI, présidé par Jean-Louis Borloo, souhaite une commission d'enquête sur « l'action du gouvernement » dans l'affaire Cahuzac « entre le 4 décembre 2012 et le 2 avril 2013 ».
Plus radical, l'UMP a demandé un remaniement complet du gouvernement par la voix de son président, Jean-François Copé, qui a estimé que le chef de l'Etat devait « changer complètement son gouvernement, son Premier ministre et ses ministres ».

« Ça ne peut pas être du replâtrage »

Un remaniement « indispensable et urgent » appuyé par Hervé Mariton. « Au point où en est aujourd’hui l’exécutif, ça ne peut pas être du replâtrage. Il n’y a plus une quelconque autorité qui soit reconnue au Premier ministre ». Pour le député UMP de la Drôme, le pays a besoin d’un gouvernement qui aujourd’hui n’existe plus. « Le président de la République ne peut pas continuer à s’appuyer sur un gouvernement totalement inaudible ».

« Le gouvernement a été roulé dans la farine »

Pour Thierry Mandon, député PS de l'Essonne, un remaniement est hors de propos. « Ce n’est pas le sujet du moment. Le gouvernement ne disposait d’aucune information particulière. Il a sereinement laissé travailler la justice. Il a transmis les informations dont il disposait. Dès qu’il a su qu’il y avait une enquête judiciaire, il a demandé la démission de Jérôme Cahuzac, qu’il a obtenu en trois heures ». Le député PS estime que le gouvernement a été « roulé dans la farine » au même titre que les Français.

Claire Béziau, avec Jean-Baptiste Durand