Accoyer refuse de remettre à un juge les auditions sur Karachi

Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer (UMP), refuse de remettre à la justice les documents parlementaires relatifs à l'attentat anti-français de Karachi au Pakistan en 2002. /Photo d'archives/REUTERS/Benoît Tessier - -
PARIS (Reuters) - Le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer (UMP), refuse de remettre à la justice les documents parlementaires relatifs à l'attentat anti-français de Karachi au Pakistan en 2002.
Le groupe socialiste et le juge chargé de l'enquête sur cet attentat du 8 mai 2002 contre des salariés de la Direction des constructions navales (DCN), qui avait fait 15 victimes, dont 11 salariés français, avaient demandé la transmission des auditions des personnes entendues par une mission parlementaire.
"Pour des raisons de principe constitutionnelles (...), votre demande d'accès aux documents internes de la mission d'information ne saurait recevoir une suite favorable", écrit Bernard Accoyer dans sa lettre au juge d'instruction Marc Trévidic dont Reuters s'est procuré une copie.
Le député UMP Guy Teissier, président de la commission de la Défense, avait refusé de remettre au juge les procès-verbaux d'auditions de témoins ayant déposé devant cette mission.
Le président du groupe PS, Jean-Marc Ayrault, et le député socialiste de la Manche Bernard Cazeneuve avaient demandé dans un courrier à Bernard Accoyer de contourner ce refus.
"Nous ne pouvons accepter qu'aucune transmission de documents à la justice ne soit plus possible en vertu du principe de séparation des pouvoirs, qui, s'il devait s'appliquer de manière indifférenciée, entraverait la manifestation de la vérité", écrivaient-ils.
Derrière l'attentat de Karachi se profile une possible affaire de corruption. Des paiements avaient été convenus en marge d'un marché de livraison de sous-marins destinés à la marine pakistanaise sur lequel travaillaient les victimes.
Une partie de l'argent aurait, selon les enquêteurs, pu revenir en France financer la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, ce qui aurait motivé l'arrêt des paiements au Pakistan par son rival Jacques Chirac, élu président.
Ce problème d'argent serait, selon une piste suivie par le juge Trévidic, le possible mobile de l'attentat, qui aurait été dans cette hypothèse commandité par des officiels pakistanais mécontents.
Emile Picy, édité par Yves Clarisse