A gauche toutes !

Avec « l’après Florange », entre EELV, le Front de gauche et même certains membres du Parti Socialiste, François Hollande a du souci à se faire à sa gauche.

C’est l’effet Mittal. Tout le monde, à la gauche de la gauche, a décidé de s’y mettre, après le cafouillage gouvernemental qui a transformé le sauvetage des six cents emplois de l’aciérie de Florange en cauchemar politico-industriel pour le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Marie-Noëlle Lienemann, qui incarne l’aile gauche du PS, va réunir ce mercredi les représentants du Front de gauche et d’Europe Ecologie-Les Verts avec la ferme intention d’établir un programme majoritaire à gauche. La sénatrice de Paris soupçonne François Hollande de vouloir mettre en place, au moment des élections européennes, une alliance au centre en s’associant avec des écologistes comme Nicolas Hulot, que le président vient de bombarder « envoyé spécial pour la protection de la planète », Dany Cohn-Bendit, fâché avec ses amis Verts français, ou encore François Bayrou, le président du Modem, en réserve de la République. Marie-Noëlle Lienemann veut au contraire que le chef de l’Etat remette la barre plus à gauche et appelle à une deuxième étape du quinquennat qui tournerait, selon elle, « la page du libéralisme et de la purge budgétaire incarnée par Jean-Marc Ayrault ».

Au Front de gauche, ça bouge également…

Jean-Luc Mélenchon a dégainé le premier, en proposant samedi d’organiser une marche de solidarité en soutien aux ouvriers d’Arcelor Mittal. Laurent Berger, le nouveau secrétaire général de la CFDT, a fait savoir que sa centrale ne s’y associerait pas. Mais la marche devrait avoir lieu. C’est du moins aux ouvriers et aux syndicats de prendre la décision, a estimé hier Pierre Laurent, qui est allé passer sa journée sur le site de Florange. Le secrétaire national du Parti Communiste, qui a interpellé Jean-Marc Ayrault jeudi au Sénat sur la question, veut faire du dossier Mittal son principal cheval de bataille contre la politique du gouvernement, jugée trop libérale.

Les écologistes ne sont pas en reste et veulent défier le gouvernement sur un autre terrain que Mittal.

Les députés EELV vont déposer ce mardi une proposition de loi visant à interdire l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste, par quelque technique que ce soit. Ce qui refermerait la porte laissée entrouverte par le gouvernement, favorable à la recherche sur des méthodes d’extraction autres que la fracturation hydraulique. Ironie de l’histoire, le texte s’inspire fortement de celui déposé en juillet 2011 par un certain Ayrault, Jean-Marc, alors président du groupe socialiste à l’Assemblée.

La gauche du PS fait-elle partie de l’opposition ?

Nous y sommes presque. Jean-Luc Mélenchon le revendique. Les autres leaders hésitent. Il y a les municipales devant. Mais Arnaud Montebourg a suscité un espoir avec sa proposition de nationalisation, rejetée par l’Elysée et Matignon. Il y aura un avant et un après Florange. François Hollande, confronté au principe de réalité, rigueur, compétitivité, va devoir régler le curseur pour ne pas s’aliéner une partie de son électorat à gauche, qui s’interroge aujourd’hui.

Ecoutez ici les Coulisses de la Politique de Jean-François Achilli de ce mardi 11 décembre.

Jean-François Achilli