91 noyades depuis début juillet : Valls veut des baigneurs responsables

Le ministre de l'Intérieur appelle les baigneurs « à la plus grande prudence et au sens des responsabilités de chacun », après une série de noyades ce week-end au cours desquelles 15 personnes sont mortes. En mer ou sur les lacs, prudence avant d’aller à l’eau.

Depuis vendredi dernier, 15 personnes sont mortes noyées en mer, rivière ou plan d'eau en France. Et 91 depuis début juillet, dont 37 sur le littoral, certaines à cause du vent notamment, selon le ministère de l'Intérieur. Par ailleurs, deux hommes sont toujours portés disparus, l'un en mer dans les Pyrénées-Orientales, l'autre dans le Gave (Pyrénées-Atlantiques).

Non-respect des consignes

Dans la majorité des cas, les baigneurs avaient bravé l'interdiction de baignade et s'étaient jetés à l'eau alors que les drapeaux rouge ou orange étaient hissés. De quoi relancer le débat sur la verbalisation de ces vacanciers. Tout baigneur qui se jette à l'eau malgré l'interdiction risque une amende allant de 11 à 33 euros. Mais dans les faits, la verbalisation s'avère difficile à mettre en place et le rappel à la loi est privilégié. « Dans beaucoup de ces drames, il y a des imprudences, constate Pierre-Henry Brandet, le porte-parole du ministère de l'Intérieur. Souvent, ce sont des imprudences mortelles et le non-respect de règles de sécurité, notamment d’interdiction de baignades, quand le drapeau est rouge… La plage est un espace de liberté et un lieu de vacances. En appeler à la responsabilité de chacun est la première des choses. S’il faut des amendes prohibitives pour empêcher les gens de commettre ces imprudences, pourquoi pas. C’est une piste de réflexion ».

« La houle peut être changeante »

Il n'est donc pas inutile de rappeler les conseils de prudence. Car la mer, même calme, peut se révéler très dangereuse, y compris pour de bons nageurs. Et la coupable, c'est la houle. « Quand il y a des grandes houles qui arrivent, elles ont été formées à des milliers de kilomètres, là où il y avait du vent, explique sur RMC Sylvain Ghiron, océanographe et physicien à Océanopolis à Brest où il étudie la manière dont se forment les vagues. Quand les vagues arrivent, poursuit-il, il peut faire très beau. Il faut se méfier car la houle peut être changeante, passant d’une mer sûre à des lames de fonds en quelques dizaines de secondes. On peut ainsi passer de vagues d’un mètre à des vagues de trois mètres en quelques secondes ».

Méfiance autour des lacs

Si la mer peut se révéler dangereuse, la prudence est aussi de mise pour la baignade dans les lacs. Si les eaux sont plus calmes qu’en mer, les mauvaises surprises arrivent aussi très vite. Au lac des Ciments par exemple, à Beaumont-sur-Oise dans le Val d'Oise, deux jeunes sont morts par noyade la semaine dernière. Un adolescent de 17 ans jeudi et un jeune de 18 ans vendredi. Ce lac est pourtant interdit à la baignade. Il est situé sur un terrain privé, difficile d'accès et entouré de grillage. Mais rien n’y fait. Dès les beaux jours, les baigneurs affluent et à la mairie, on ne sait plus vraiment quoi faire pour à la fois sécuriser le lac mais également responsabiliser les baigneurs.

« Depuis vingt ans, un mort tous les ans »

Face à ces baigneurs qui bravent l'interdit, Didier Privat, premier adjoint au maire de Beaumont-sur-Oise, ne sait plus quoi faire. « On est complètement démunis face à ce type de problème. Dès que la police a tourné le dos, les gens rentrent avec des outils et découpent les grillages. Même s’il y a des panneaux « baignade interdite», « propriété privée », rien n’y fait. Il y a barbecues, des bagarres… que voulez-vous qu’on fasse ? Petit à petit, ça devient une zone de non-droit. Depuis une vingtaine d’années, on a un mort par an. Comme il fait beau et que l’été n’est pas fini… on craint un autre accident de ce type ».

Une moyenne de 3 morts par jour sur juin/juillet 2012|||

En 2012, 3 personnes se sont noyées en moyenne par jour sur les mois de juin et juillet. Sur ces trois derniers jours, on est à 4.6, soit bien au-dessus. En 2012, au total, 497 personnes sont mortes noyées entre le 1er juin et le 30 septembre, selon l'Institut de veille sanitaire.

T. de Dieuleveult avec A. Rosique et J. Droz