4 ministres mobilisés contre le banditisme en Corse

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Manuel Valls (Intérieur), Christiane Taubira (Justice), Pierre Moscovici (Economie) et Jérôme Cahuzac (Budget) : quatre ministres pour trouver une solution aux problèmes de la Corse. Ce lundi matin, le premier Ministre réunit les ministres concernés à Matignon pour s’attaquer à une situation « insupportable » après l’assassinat, la semaine dernière, de Maître Antoine Sollacaro, l’ancien avocat d’Yvan Colonna tué de neuf balles au volant de sa Porsche.
« Du fric, du fric, du fric »
Selon Dominique Bucchini, président de l’Assemblée de Corse, les jeunes criminels ne cherchent qu’une chose : « du fric, du fric, du fric ». « Nous sommes la région de France la plus précarisée où il y a le plus d’inégalités sociales, les derniers pour la formation professionnelle. Sur ce terreau-là, il n’y a aucune raison pour que les jeunes n’aillent pas vers la délinquance, se fassent récupérer par le milieu. Et par rapport à l’ancien milieu, il y a un milieu jeune maintenant qui se fout d’aller tuer pour quelques milliers d’euros », explique-t-il.
« Ça ne s’arrêtera jamais »
Pour Jean-Pascal Taddéi, un jeune habitant de l'île qui vient de fonder une association pour lutter contre la violence des jeunes, « c’est une question de volonté ». Mais il craint malgré tout que la politique soit inefficace. « S’ils ne le font pas, c’est que ça les arrange peut être de voir les personnes du milieu s’éliminer entre elles, ils se disent que ça va s’arrêter, mais ça ne s’arrêtera jamais. Ça fait quelques années que les meurtres liés au nationalisme sont terminés, la plupart des crimes sont liés au grand banditisme, il faut simplement l’éliminer de la Corse ».
«Les aspects fiscaux de délinquance financière »
Jean-Marc Ayrault avait annoncé une politique pénale spécifique pour l’île et voulait justement taper les truands au porte-monnaie. D’un côté, Christiane Taubira et Manuel Valls devront soumettre lui soumettre des propositions sur deux points : « le renforcement de la coordination opérationnelle entre les services de police et de la justice » et « la stratégie globale de lutte contre ces activités criminelles ».
Pierre Moscovici et Jérôme Cahuzac seront consultés sur « tous les aspects fiscaux de délinquance financière ».
« On n’arrivera jamais à travailler comme il faut »
« Des moyens, il y en a depuis un certain temps, notamment des espèces de "pool anti mafia", remarque Thierry Colombié, chercheur associé au CNRS et spécialiste de la criminalité organisée. Je ne crois pas que ça ait changé beaucoup de choses. Dans la plupart des affaires, les principaux concernés sont souvent informés, s’ils savent qu’ils vont être arrêtés, ils ne seront pas là, ou alors ils auront effacé toutes les traces de leurs délits ou crimes. Tant qu’on n’aura pas un vrai secret, une omerta des acteurs judiciaires, on n’arrivera jamais à travailler comme il faut ».