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"Vous êtes le péché originel de ce dossier": la défense de Cédric Jubillar étrille l'ex-procureur de Toulouse

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Cette deuxième semaine au procès de Cédric Jubillar, à Albi (Tarn), s'est ouverte avec l'audition de l'ancien procureur de Toulouse. Alors qu'il a été question de la longue conférence de presse organisée après l'arrestation de l'accusé, la défense a pointé du doigt ses choix et son travail, ce lundi 29 septembre.

Sa parole était très attendue, notamment par la défense. La deuxième semaine du procès de Cédric Jubillar s'est ouverte ce lundi 29 septembre avec le témoignage de l'ex-procureur de Toulouse, appelé à la barre à la demande de la défense. Et alors qu'ils avaient déjà mis en doute le travail des enquêteurs la semaine dernière, les avocats de l'accusé ont pointé du doigt des imprécisions de la part de ce témoin.

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"Dès la réception au parquet de Toulouse de l'affaire, j'ai requis l'ouverture d'une information judiciaire vu la complexité de l'affaire en désignant deux juges d'instruction. Il n'y a donc eu aucun acte qui a été diligenté par notre parquet", précise d'entrée l'ex-procureur Dominique Alzeari, ce lundi.

La conférence de presse visionnée

L'audience ayant démarré avec le visionnage de la longue conférence de presse qu'il avait tenue en juin 2021, après l'arrestation de Cédric Jubillar, lorsqu'il était procureur, l'homme rappelle que le dossier était très médiatisé et qu'il souhaitait, à l'époque, expliquer qu'il ne s'agissait pas d'une disparition volontaire.

"Il faut se remettre en juin 2021, il s'agissait d'indices graves ou concordants, je n'ai jamais parlé de preuves", assure-t-il.

Un moyen de contrer par avance les critiques des avocats de la défense qui ont eux-mêmes demandé à ce qu'il soit cité comme témoin pour mieux l'accuser d'avoir mis le feu aux poudres après l'arrestation de leur client, en juin 2021.

Des "appréciations" sur le dossier, selon la défense

Mes Alexandre Martin et Emmanuelle Franck, avocats de Cédric Jubillar, reprochent à l'ex-procureur de Toulouse, d'avoir fait des "appréciations" et des approximations sur le dossier, nuisant ainsi à leur client. "Vous êtes le péché originel de ce dossier", lance le premier.

Détaillant ce qui constitue pour elle des imprécisions dans l'enquête, sa consœur s'attarde sur l'un des éléments centraux du dossier: une couette, dont le procureur avait expliqué qu'elle avait été lavée la nuit de la disparition. En réalité, la couette se trouvait bien encore sur le canapé le 16 décembre 2020, à la mi-journée. En revanche, la housse de couette se trouvait, elle, sur l'étendoir à linge, ce qui signifiait qu'elle avait pu être lavée.

"Vous avez conscience, monsieur le Procureur, que quatre ans plus tard, on me parle encore de cette couette alors que c'est faux", tance Me Emmanuelle Franck.

Très offensive, l'avocate ne ménage par Dominique Alzeari. En réaction, ce dernier répète à plusieurs reprises qu'il s'agissait d'éléments qui lui avaient été communiqués à l'époque, et que ce n'est pas lui qui dirigeait l'enquête.

La semaine dernière, plusieurs enquêteurs avaient défilé à la barre pour rendre compte du déroulement des investigations. Le directeur d'enquête n'avait lui non plus pas été épargné, la défense lui reprochant de ne pas avoir suffisamment exploré certaines pistes et pris au sérieux un témoignage intéressant.

Elisa Fernandez