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Police-Justice

Vols à l'Hôtel Drouot: des"cols rouges" devant la justice

Un "col rouge", lors d'une vente à Drouot (photo d'illustration)

Un "col rouge", lors d'une vente à Drouot (photo d'illustration) - Jean-Pierre Muller - AFP

Cinquante personnes, dont des "cols rouges", chargés de la manutention à l'Hôtel Drouot, vont être jugées en correctionnelle pour de multiples vols d'objets d'art.

Le chiffre est impressionnant: au terme de cinq longues années d'enquête, ce sont cinquante prévenus qui vont être renvoyés en correctionnelle, pour l'un des plus gros scandales du monde de l'art. Six commissaires-priseurs et quarante-quatre "cols rouges", chargés de la manutention et du transport d'objets destinés aux ventes de l'Hôtel Drouot, sont soupçonnés de nombreux vols, a-t-on appris lundi de source judiciaire.

Des vols chez des personnes âgées sans héritier

Le scandale avait éclaté fin 2009 et les premiers vols visés par l'ordonnance de renvoi en correctionnelle remontent au début de l'année 2006. L'enquête pour association de malfaiteurs a mis au jour les pratiques de certains "cols rouges", soupçonnés de vols lors d'inventaires de succession, notamment chez des personnes âgées sans héritier connu, et d'enlèvements des objets et oeuvres d'art destinés aux enchères.

Les objets étaient stockés puis mis aux enchères au célèbre hôtel des ventes parisien, à leur profit, avec la complicité de certains commissaires-priseurs. Eux sont soupçonnés d'avoir fermé les yeux sur ces agissements et d'avoir accepté de vendre des objets, dont ils connaissaient l'origine frauduleuse, pour le compte de ces "cols rouges", appelés aussi les "Savoyards".

Une corporation aux pratiques douteuses 

Les révélations sur cette affaire avaient mis en lumière cette corporation, regroupée au sein de l'Union des commissionnaires de l'hôtel des ventes Drouot. C'est en 1860, année du rattachement de la Savoie à la France, que Napoléon III avait octroyé aux Savoyards et Haut-Savoyards émigrés à Paris le monopole du transport et de la manutention à l'hôtel des ventes. Les "cols rouges", qui devaient leur surnom au col rouge mao de leur vareuse noire sur laquelle était brodé en or leur numéro, étaient limités à 110 et chaque nouveau était coopté par un ancien, à qui il rachetait la fonction.

A l'automne 2011, un site internet avait été ouvert à destination du public et de potentielles victimes, présentant 6.000 tableaux, sculptures, et pièces d'argenteries présumées détournées. Ces objets avaient été saisis par les enquêteurs de l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels, lors de 147 perquisitions. Et c'est la vente, en 2009, d'un tableau attribué à Gustave Courbet, qui avait été l'étincelle permettant de démarrer l'enquête.

A. G. avec AFP