Violeur de la Sambre: pourquoi les enquêteurs n'ont-ils pas publié le portrait-robot en leur possession?

Le portrait-robot circule désormais. - BFMTV
Dino Scala, surnommé "le violeur de la Sambre, est soupçonné d'avoir violé ou agressé sexuellement, à compter de 1988, une "quarantaine" de femmes aux profils très différents dans le nord de la France et dans le sud de la Belgique. Des dossiers doivent encore être réexaminés à la lumière de son arrestation et de ses aveux. Durant leurs investigations, les enquêteurs ont mis sur pied trois portraits-robots. L'un, croqué en 1997, paraît aujourd'hui assez ressemblant. Il a pourtant été décidé de ne pas publier le dessin.
Un cas de conscience
Eric Pelletier, journaliste police/justice au Parisien, s'est exprimé à ce sujet sur notre plateau vendredi soir: "Il y a eu plusieurs portraits-robots dans ce dossier, côté français et côté belge. Trois portraits-robots qui sont assez dissemblables ce qui a suscité une question chez les enquêteurs : quelle est la stratégie à adopter ? Faut-il les diffuser, sachant que ces portraits ne se ressemblent pas ou les garder par devers soi et les donner aux patrouilles de police qui, elles, pourront être alertées ?"
Il a noté que la banalité des traits du suspect a pu dissuader la mise en circulation du portrait-robot: "C’est autre chose d’avoir une balafre, un lobe d’oreille particulier ou d’avoir en face de soi le portrait de monsieur Tout-le-monde, comme c’est le cas."
Des règles très précises
Jacques Morel, qui fut le patron de la section de recherche de Versailles, a complété: "Le portrait-robot, dans ces affaires en série, peut avoir deux fonctions : d’abord, la présentation aux témoins. La deuxième fonction : la diffusion pour alerter des populations ou des témoins éventuels." En outre, il a rappelé que la publication éventuelle d'un portrait-robot ne dépendait pas des forces de l'ordre: "Il y a des règles très précises pour la diffusion des informations. Soit, c’est une enquête préliminaire, enquête de flagrant-délit et c’est le procureur de la République qui décide de la publication. Soit, c’est une affaire qui est sur commission rogatoire, et c’est le juge d’instruction qui décide."
Eric Pelletier a enfin mis en garde contre tout jugement a posteriori: "Aujourd’hui, on fait le rapprochement du suspect et du portrait et on dit : ‘Forcément, il aurait été identifié’. Je ne suis pas sûr que sans son arrestation, on, ou même sa famille, aurait l’idée qu’il s’agissait du même homme."