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Violences scolaires : 1 prof sur 3 veut changer de métier

Un tiers des profs songent à changer de métier, selon une enquête de l'Education nationale publié mardi.

Un tiers des profs songent à changer de métier, selon une enquête de l'Education nationale publié mardi. - -

Un tiers des professeurs du secondaire songent à changer de métier, selon une enquête de l’Éducation nationale publiée mardi. Ces profs ont de plus en plus de mal à supporter la violence des élèves. Des profs témoignent sur RMC de la difficulté de faire face à cette agressivité.

C’est un métier qui attire de moins en moins et qui doit faire face à une crise des vocations. L’Education nationale peine à recruter de nouveaux professeurs. Mais, et c’est nouveau, de plus en plus d’enseignants songent également à changer de métier. En cause : la violence des élèves. D’après une enquête de l’Education nationale auprès des personnels de l'enseignement secondaire (collèges, lycées), un prof sur trois se dit prêt à changer de job. Dans cette enquête publiée mardi, on apprend également que près de 22% des personnels ressentent une appréhension avant de commencer leurs cours. Près d'une personne sur trois travaillant en collège ou lycée estime que la violence est présente dans leur établissement ; une proportion qui monte à près de deux sur trois dans l'éducation prioritaire.

« J’ai traité un élève de con parce qu’il m’avait traité de caniche »

Travailler avec la boule au ventre, Jean, connaît. Ce professeur de mathématiques de 40 ans, qui enseigne dans un collège-lycée de Nice, en a assez de la violence. « Ce sont des attitudes de déviants, de gens pas civilisés », dit-il à propos de certains de ses élèves. « C’est de l'agressivité dans les paroles entre eux, et à l'égard du prof », raconte-t-il sur RMC. « Il m’arrivait, entre midi et deux heures, en prenant mon café, d'appréhender le compte à rebours du retour en classe ». Désemparé et agacé par l’agressivité et l’incivilité de certains élèves, il lui est arrivé de « déraper » : « Il m'est arrivé de traiter un élève de con parce qu’il m'avait traité de caniche. Il voulait sortir du cours et je ne voulais pas. C'est la seule fois où j'ai dérapé et je n'ai pas été soutenu par la direction ».

« Je fais 60% de discipline et de dressage »

« Récemment des élèves sont rentrés dans une classe pour tabasser une élève, pour la "bolosser" comme ils disent. T'es une "bolosse", ça veut dire t'es une victime », raconte Pierre, un autre enseignant lui aussi confronté à la violence. Pour éviter que ce genre d’incident ne se reproduise, il a adopté la tolérance zéro : « Moi je pars au combat, en guerrier. Face à ces élèves, il faut être autoritaire. Moi je fais 60% de discipline, de rééducation, de "dressage" parfois. Le mot est dur, mais c'est comme ça (…). Si j'arrête je suis mort, et je deviens comme certains de mes collègues qui sont tout tremblants en sortant des cours ». Comme 40% des enseignants interrogés dans l’enquête de l’Education nationale, Pierre estime ne pas avoir été bien formé : « A l'IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres, NDLR), on a que des ayatollahs de la pédagogie. J'ai été formé à respecter l'élève comme étant mon dieu ». Qu’un tiers de ses collègues déclarent vouloir changer de métier n’étonne pas Pierre. Pour lui, c’est un tabou qu’il faut briser afin d’éviter une fuite des profs.

Philippe Gril avec Pauline Baduel