Violences dans trois lycées de Seine-Saint-Denis: une centaine de jeunes impliqués
Cinquante-cinq jeunes, dont 44 mineurs, ont été placés mardi en garde à vue après les violences survenues dans trois lycées de Saint-Denis, dans le département de la Seine-Saint-Denis. Leur garde à vue a été prolongée de 24 heures ce mercredi matin afin de déterminer les responsabilités de chacun. Un mineur a toutefois été relâché.
En milieu de matinée, un groupe entre dans un premier établissement et a essayé d'y mettre le feu. Des fumigènes sont lancés dans l'enceinte du lycée Suger, situé dans un quartier réputé difficile. De l'essence a été renversé dans des escaliers. Le proviseur décide d'évacuer et de fermer l'établissement, déjà perturbé la veille par des incidents.
"On a commencé à dire 'Justice pour Théo'"
Un lycéen, qui a assisté à la scène, témoigne pour BFMTV. "D'un coup, on a entendu un premier mortier dans le lycée, ensuite un deuxième, et c'est là où l'émeute a commencé. Ensuite le lycée a décidé d'évacuer. On est sorti, on a commencé à dire 'Justice pour Théo'. Quand ils ont évacué, la bac a commencé à tirer et c'est là où on s'est tous rassemblés. On a commencé à contester et à ne pas se laisser faire."
Lorsque les jeunes s'introduisent dans le lycée, Véronique est en salle des professeurs. "Il y avait des espèces de petits groupes qui se déplaçaient et qui essayaient de mettre le feu à différents endroits, raconte à BFMTV l'enseignante, également membre du syndicat Snes. C'était assez difficile de les contenir. Les élèves étaient sur un mode un peu agressif, plutôt inhabituel."
Des "jets de pierre et de barres de fer"
"C'est une descente de jeunes qui étaient là pour casser, suite à un appel lancé sur les réseaux sociaux", a indiqué une source proche de l'enquête à l'AFP. Le lycée Suger a déjà connu un épisode de violences similaire en septembre dernier lors duquel un surveillant a été blessé.
Entre 80 et 100 jeunes prennent ensuite la direction du centre-ville. Sur leur chemin, ils incendient des poubelles et détruisent du mobilier urbain. Les policiers sont notamment visés par des "jets de pierre et de barres de fer", mais aucun n'a été blessé, a précisé une source policière.
Puis les jeunes gens s'introduisent dans deux autres établissements, les lycées Bartholdi et Paul Eluard. Armés de barres de fer, ils obligent les élèves à sortir. Ils ne s'en sont pris à personne mais les dégâts sont importants.
"Ils s'expriment par la violence"
En toile de fond, "des reliquats de l'affaire Théo", selon les sources policières. "On a pu entendre quelques slogans du type 'vengeance pour Théo'", a témoigné l'une d'entre elles. La semaine dernière, les accès à plusieurs lycées à Paris et en région parisienne ont été bloqués ou perturbés par des jeunes qui protestaient contre "les violences policières".
Selon Rodrigo Arenas, membre de la Fédération des conseils de parents d'élèves du 93, les lycéens de Seine-Saint-Denis se mobilisent souvent, comme pour l'affaire Théo.
"Dans beaucoup de quartiers de notre département, souvent les bâtiments scolaires sont les seules représentations de la puissance de l'État, indique-t-il pour BFMTV. Il y a un sentiment que les jeunes sont malmenés, que notre jeunesse n'est pas prise en considération et que leur avenir est bouché."
Une colère latente qui s'exprime par la violence. "Je pense qu'il y a une espèce de sentiment d'injustice profond et de désarroi pour eux, ajoute Véronique, l'enseignante du lycée Suger. Nos élèves n'ont pas souvent les mots et ne s'organisent pas de manière politique, ça se passe autrement. Ils s'expriment plus par la violence."