Une victime d’inceste parle pour la première fois

TEMOIGNAGE - Deux millions de Français avouent avoir été abusés par un proche, mais le sujet reste encore tabou. Juliette, victime d'inceste pendant son enfance, veut rompre le silence et parle de ce qu'elle a vécu pour la première fois aux médias.

Le Collectif féministe contre le viol (CFCV) lance mardi une campagne de sensibilisation et de prévention contre l'inceste. Alors qu'ils sont aujourd'hui deux millions en France à avouer avoir été victime d'inceste, Juliette a raconté son calvaire à BFMTV, pour rompre la loi du silence.

"Ça se passait les dimanches en famille quand tout le monde était là", confie Juliette, 30 ans. Abusée par ses cousins pendant six ans, la jeune femme explique qu'il "n'y avait pas 3.000 solutions, il fallait dire oui et c'est comme ça car ils étaient physiquement plus grand que moi" explique-t-elle.

"On te prend toi parce que ta petite sœur ça va lui faire mal"

Juliette n'avait que cinq ans lorsque ses cousins ont commencé à abuser d'elle. Le calvaire s'est arrêté lorsqu'elle a eu 11 ans. La jeune fille tente alors d'en parler à ses parents mais comme dans beaucoup de cas, ses parents refusent de comprendre, et ne prêtent pas attention aux propos tenus par leur fille.

C'est quand Juliette atteint la majorité qu'elle décide enfin de porter plainte. Une plainte qui se solde par un non-lieu du procureur, "une double peine" pour la jeune femme. "C'est incroyable qu'on demande à la victime de prouver qu'il y a bien eu contrainte (…), pourtant j'étais bien contrainte à faire une fellation, contrainte à un rapport sexuel non-consenti", s'insurge-t-elle aujourd'hui.

L. Pezzoli avec Marion Ruaud et Sandra Boulanger