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Police-Justice

Une randonneuse tuée par une chasseuse de 17 ans dans le Cantal: la colère des écologistes

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Samedi, une jeune femme a été tuée sur un sentier balisé de la commune de Cassaniouze dans le Cantal par le tir d'une chasseuse âgée de seulement 17 ans. Tandis que les dirigeants écologistes exprimaient leur colère, et les membres du gouvernement renvoyaient vers l'enquête, les chasseurs ont tenté de faire entendre leur voix

Huit morts et 80 blessés liés à la chasse ont été à déplorer l'an passé. Samedi, cette activité a engendré un nouveau drame: une femme de 25 ans, qui se promenait avec son compagnon sur un sentier balisé de Cassaniouze, dans le Cantal, a été tuée par une balle perdue, tirée par une chasseuse âgée de seulement 17 ans.

Tandis que la justice a ouvert dans la foulée une enquête pour homicide involontaire, leaders et figures de proue de la cause écologique ont laissé éclater leur colère, réclamant notamment l'interdiction de la chasse le week-end.

"Urgence" pour Jadot

Yannick Jadot, candidat d'Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) à la présidentielle a repris à son compte dès samedi soir un sondage Ipsos Sopra-Steria qui révélait que 61% de nos concitoyens soutenaient une interdiction de la chasse durant les week-ends et vacances scolaires. Une proposition de sa campagne, qu'il avait formulée sur notre antenne en octobre dernier:

"Elle avait 25 ans. Une jeune femme est décédée parce qu'elle a été touchée par une balle au cours d'un après-midi de chasse. Pensées à ses proches. Il nous faut plus réglementer cette activité, il y a urgence!" a tweeté l'eurodéputé samedi soir.

Les écologistes font chorus

Sa porte-parole, Mélanie Vogel, par ailleurs retweetée par Julien Bayou, secrétaire national d'EELV, a mêlé sa voix à celle de son patron. "A quand l’interdiction de la chasse le week-end et les vacances scolaires?" s'est-elle interrogée, contestant par ailleurs la sémantique généralement employée pour décrire ce drame:

"Elle n’a pas été tuée par une balle perdue. Elle a été tuée par une ado qui n’aurait jamais dû avoir le droit de la tirer un week-end, quand les gens se promènent en forêt."

L'ancien porte-parole de Yannick Jadot, Matthieu Orphelin, député écologiste élu dans le Maine-et-Loire, a également réagi. Il propose un compromis:

"Nouveau drame. Pensées à ses proches. Combien de temps encore d'inaction? Partageons-mieux la nature. J'ai échangé avec des chasseurs. Bien loin des positions de Willy Schraen (président de la Fédération nationale des chasseurs, NDLR). Ils seraient OK pour arrêter de chasser à 11h le week-end. Discutons-en!"

Le gouvernement s'en remet aux enquêteurs

Journaliste et militant écologiste bien connu, Hugo Clément a lui aussi commenté: "Encore un drame causé par la chasse! Une randonneuse a été tuée par le tir d’une chasseuse ce samedi dans le Cantal". Il a plus tard interpellé Bérangère Abba, secrétaire d'Etat à la Biodiversité:

"Madame la ministre, les gens n’en peuvent plus de risquer leur peau en allant se promener. Il est temps d’imposer au moins le dimanche ou le week-end sans chasse."

Celle-ci avait pointé un "drame insoutenable et inacceptable", indiquant qu'une enquête était "en cours", "pour que plus jamais ça". Une ligne qu'elle partage avec sa supérieure, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique - et ancienne cadre d'EELV - qui dès samedi soir avait publié sur le même réseau social:

"Toutes mes pensées vont à la famille et aux proches de la jeune femme décédée aujourd’hui lors d’un accident de chasse dans le Cantal. Les forces de l’ordre sont mobilisées pour que toute la lumière soit faite sur ce drame effroyable".

Les chasseurs cherchent la piste

Les représentants des chasseurs se sont également exprimés quelques heures après le drame. Sur Facebook, Willy Schraen, dirigeant de leur Fédération nationale, a rappelé: "Rien ne peut justifier, même de façon accidentelle, la mort d’une personne. Je vous rappelle que nous utilisons des armes létales, et que chacun dans son utilisation doit être irréprochable."

"Je compte sur chacun d’entre vous pour redoubler de prudence", a-t-il insisté, enchaînant: "Ne pas tirer dans une situation où le moindre doute ou le moindre risque persiste, doit être l’unique conduite à tenir lors d’une action de chasse".

Outre ce rappel à l'ordre et aux bonne pratiques, il a soumis quelques pistes de réflexion à ses adhérents.

"Les services de la FNC sont en train de contacter toutes les fédérations de Chasseurs, pour qu’il soit rappelé à chaque organisateur de battue l’ensemble des règles de sécurité propre à toute pratique de chasse. Dans les heures qui viennent, je demanderai au Président de l’Alliance des Sports et loisirs de nature de réunir dès le début de la semaine prochaine l’ensemble des fédérations de Nature pour rappeler les dispositifs de sécurité sur lesquelles nous travaillons ensemble depuis plus de deux ans", a-t-il ainsi développé.

Le conseiller politique de la Fédération nationale des chasseurs, Thierry Coste, a lui choisi notre antenne pour répondre à la controverse ce dimanche matin. Evoquant un "drame" et "une erreur immense", le lobbyiste a jugé que celle-ci était individuelle. "C'est surtout une faute de la personne qui a tiré", a-t-il voulu évacuer. 

Il a toutefois reconnu: "On se mobilise à fond pour qu'il n'y ait plus de morts. Il y en a de moins en moins mais un, c'est toujours de trop".

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV