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Police-Justice

Une femme jugée pour avoir tenté de tuer à quatre reprises sa mère atteinte d'Alzheimer

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- - Le tribunal de Montpellier où se déroule le procès de Bernadette Colin

Bernadette Colin, ancienne professeur de français de 61 ans est jugée depuis ce mercredi aux assises de Montpellier pour avoir tenté à plusieurs reprises de tuer sa mère, atteinte d'Alzheimer en 2009. Elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

L'accusée explique qu'elle souhaitait mettre fin à "la déchéance de sa mère". En 2009, cette ex-professeur essaie de tuer sa génitrice, Raymonde Colin, âgé de 87 ans, à quatre reprises. Elle l'empoisonne, l'étrangle, puis l'étouffe avant de la poignarder. C'est libre qu'elle a comparu ce jeudi à Montpellier après avoir effectué sept mois de détention provisoire.

En conflit avec sa mère sur sa féminité

Vêtue d'une large chemise à fleurs, Bernadette Colin, a longuement répondu aux questions de la Cour qui s'est d'abord attachée à l'examen de sa personnalité. L'accusée a expliqué avec éloquence le conflit qui l'opposait depuis toujours à sa mère sur sa féminité. "J'étais considéré comme le garçon manqué de la famille", a-t-elle dit, révélant qu'elle pensait depuis plusieurs mois à tuer sa mère et que ses deux sœurs l'en avaient déjà dissuadée.

Elle l'étrangle avec une cordelette avant de la poignarder

Le 25 avril 2009, Raymonde Colin, 87 ans, a été découverte gisant dans une mare de sang à son domicile du quartier des Aiguerelles à Montpellier. Les soupçons se sont immédiatement portés sur sa fille Bernadette, deuxième des trois filles de la fratrie, qui était apparue en état de sidération, avec du sang séché sur les mains. Cette enseignante du lycée Charles-de-Gaulle à Poissy séjournait chez sa mère, à qui elle était venue rendre visite lors des vacances scolaires. La veille du 25 avril, elle avait essayé de donner à sa mère une mort "douce et paisible", en lui faisant avaler un cocktail alcoolisé dans lequel elle avait versé trois sachets de Noctamide. Mais ce médicament indiqué dans les troubles du sommeil n'avait fait qu'endormir Raymonde Colin. A son réveil le lendemain matin, l'enseignante avait alors tenté de l'étrangler avec les mains, avant d'utiliser une cordelette. Face à ces deux échecs, sa fille tente alors de l'étouffer avec un oreiller. La tentative ayant de nouveau échoué, Bernadette Colin décide de poignarder l'octogénaire avec un couteau de cuisine. Mais la lame qui s'est tordue contre une côte n'a provoqué que quelques entailles et n'a pas mis fin aux jours de Raymonde Colin.

"On comprend son geste mais il est hors-la-loi"

L'avocate de Bernadette Colin plaide un "acte de désespoir" et veut faire de ce procès celui de l'euthanasie. Un avis non partagé par les deux sœurs de l'accusée, représentées par l'avocate Isabelle Oger-Ombredane. "Ce n'est pas le procès de l'euthanasie. Il n'y a pas de volonté et la malade ne souffre pas", a-t-elle indiqué. L'avocate a également précisé la volonté de la famille de la victime dans ce procès. "On n'est pas là pour une vindicte, ce n'est pas l'état d'esprit. L'état d'esprit c'est de dire on a compris ton geste mais c'est un acte hors-la-loi et il doit être puni". Pour ces tentatives d'assassinat, Bernadette Colin que certains disent "maniaco-dépressive" encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Sa mère, Raymonde Colin, en état de démence liée à la maladie d'Alzheimer, ne s'est jamais souvenue de l'agression de sa fille. Elle est décédée en 2012 d'un cancer du foie.

A.G avec AFP