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Police-Justice

Une étude dénonce une mauvaise prise en charge des violences sexuelles dans les commissariats

Une femme manifeste sur la place de la République, le 25 novembre 2017 à Paris.

Une femme manifeste sur la place de la République, le 25 novembre 2017 à Paris. - François Guillot - AFP

Plus de 500 témoignages ont été recueillis en moins d'un mois sur la qualité de la prise en charge des violences sexuelles dans les commissariats et gendarmeries.

Refus de plainte, banalisation des faits ou culpabilisation de la victime: les femmes qui se rendent dans les commissariats et gendarmeries pour des violences restent mal prises en charge, selon plusieurs centaines de témoignages recueillis en mars par un mouvement féministe, publiés mardi.

Lancée le 12 mars par le Groupe F et la page Tumblr "Paye ta police", l'enquête a suscité en dix jours plus de 500 témoignages, selon ses initiateurs, qui voient dans la police et la gendarmerie "le maillon indispensable pour en finir avec les violences sexistes et sexuelles".

Dans neuf cas sur dix, les témoignages de faits plus ou moins récents (70% datent de moins de cinq ans) font état d'une mauvaise prise en charge, "le fait le plus fréquent étant le refus de prendre une plainte ou le découragement de la victime à porter plainte" (60% des témoignages). Viennent ensuite "la remise en question de l'importance des faits" (53%) et "la culpabilisation de la victime" (42,6%), selon l'enquête. 

"Ce n'est pas grand chose, pensez à vos enfants"

Parmi les témoignages reçus, celui d'une femme voulant porter plainte pour violences conjugales en 2016 et à qui il a été répondu: "Ce n'est pas grand chose, pensez à vos enfants". Ou encore celui d'une jeune femme venue déposer plainte pour viol, en 2016.

"Le policier lui a répondu que ce n'était pas un viol car elle avait invité l'agresseur chez elle", raconte son amie qui l'accompagnait.

Les initiateurs de l'étude ont ensuite identifié et synthétisé les problèmes exposés dans les témoignages et en ont tiré une carte faisant état de la qualité de la prise en charge dans les commissariats et gendarmeries.

"Ces dysfonctionnements découragent les victimes"

"Ces comportements, nombreux, ont pour conséquence de décourager les victimes, parfois d'ajouter à la maltraitance déjà subie. Ces dysfonctionnements découragent les victimes d'aller porter plainte et envoient un message d'impunité aux agresseurs", souligne le communiqué de l'étude.

Le groupe F et Paye Ta Police souhaitent également adresser "un message à toutes celles et ceux qui (...) ont répété depuis le mouvement #MeToo qu'il fallait aller porter plainte".

"Si vous voulez que les femmes aillent porter plainte plus souvent, demandez d'abord à la police et à la gendarmerie de nous accueillir correctement", écrivent-ils. 

Le communiqué souligne également qu'ont été recueillis "des témoignages montrant qu'une bonne prise en charge, bienveillante, sans jugement, est possible".

Depuis plusieurs années, des dispositifs ont été mis en place pour améliorer la prise en charge des femmes par les forces de l'ordre, une sensibilisation renouvelée après l'affaire Weinstein. Dans les colonnes du Parisien, la police nationale et la gendarmerie affirment faire des efforts, entre autres sur les formations initiale et continue. 

"Nous cherchons à améliorer encore notre dispositif d'accueil, notamment en demandant à l'inspection générale de la police nationale de procéder chaque année à l'évaluation de l'accueil dans les commissariats (...) par des contrôles inopinés et anonymes", développe en outre Eric Morvan, directeur général de la police nationale. 

Selon les statistiques du ministère de l'Intérieur, les plaintes pour viols et agressions sexuelles ont augmenté respectivement 12% et 10% en 2017 par rapport à 2016.

L.A., avec AFP