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Une enquête ouverte en France visant le président d'Interpol pour "tortures" et "actes de barbarie"

Le général Nasser Ahmed Nasser Al-Raisi, responsable des forces de sécurité des Emirats arabes unis, le 23 novembre 2021 à Istanbul

Le général Nasser Ahmed Nasser Al-Raisi, responsable des forces de sécurité des Emirats arabes unis, le 23 novembre 2021 à Istanbul - Ozan KOSE © 2019 AFP

Le Parquet antiterroriste a ouvert une enquête pour "tortures" et "actes de barbarie" à l'encontre du général émirati Al-Raisi. Son élection à la tête d'Interpol, en novembre, avait déjà été décriée.

Le parquet antiterroriste (Pnat) a ouvert une enquête préliminaire pour "torture" et "actes de barbarie" après une plainte d'une ONG visant l'Emirati Ahmed Nasser Al-Raisi, président d'Interpol depuis novembre, a appris l'AFP mercredi auprès d'une source judiciaire.

L'ONG Gulf Centre for Human rights (GCHR) considère le général Al-Raisi comme l'un des responsables de tortures visant un opposant émirati, Ahmed Mansoor, par ses fonctions de haut responsable au ministère de l'Intérieur des Emirats arabes unis, et a déposé plainte contre lui en janvier auprès du Pnat, compétent en matière de crimes contre l'humanité.

La source judiciaire n'a pas indiqué à quelle date l'enquête du Pnat, compétent en matière de crimes contre l'humanité, avait été ouverte.

La candidature du général pour prendre la tête de cette organistion de coopération entre les polices internationales avait été largement décriée par des élus français, en amont de l'élection. Trente-cinq d'entre eux avaient même pris l'initiative d'écrire à Emmanuel Macron face à ce qu'ils qualifiaient de "candidature de la honte".

Malgré l'ouverture d'une enquête, le général n'a pas été interpellé

Selon deux sources proches du dossier, l'enquête a été confiée aux gendarme de l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCH).

William Bourdon, avocat du GCHR, a indiqué à l'AFP que "dès lors qu'une enquête préliminaire a été ouverte, et elle s'imposait du fait de la présence du mis en cause en France" du fait de ses fonctions à Interpol, "il est totalement incompréhensible que le Pnat n'ait pas fait interpeller M. Al-Raisi alors qu'il avait la possibilité de le faire".

"Si une immunité devait être invoquée par le général Al-Raisi, elle ne peut l'être que par le mis en cause, et certainement pas par le Pnat qui ne doit pas se substituer à lui", a-t-il mis en garde.

Selon l'analyse de l'avocat, le général serait l'un des responsables actuels de ces tortures, ce qui serait un motif d'exception à l'immunité diplomatique dont il bénéficie selon l'accord de 2008 régissant les relations entre la France et Interpol, organisation dont elle accueille le siège. L'avocat a ajouté que son client Khalid Ibrahim, directeur du GHCR, avait été entendu par les gendarmes de l'OCLCH le 18 mars.

Déjà visé par deux plaintes

Le général Al-Raisi avait déjà été visé par deux plaintes, dont l'une avait été déposée par le GCHR, déjà, le 7 juin. Ces deux plaintes avaient été classées par le Pnat pour absence de compétence: l'intéressé ne résidait pas en France et ne se trouvait pas sur le sol français.

En janvier, l'organisation avait déposé la nouvelle plainte qui a conduit à cette enquête, soulignant que le général Al-Raisi se trouvait cette fois à Lyon, tweets d'Interpol à l'appui. D'autres tweets plus récents, début mars, l'ont montré à nouveau en France.

Outre ses fonctions auprès d'Interpol depuis novembre, à temps partiel, non rémunérées et essentiellement honorifiques, Ahmed Nasser Al-Raisi est inspecteur général du ministère de l'Intérieur des Emirats arabes unis depuis 2015.

E.F. avec AFP