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Police-Justice

"Un tombereau d'injures": un retraité surenchérit à l'offre d'une ferme familiale mise en vente à Marmande, avant de renoncer

Un tracteur (photo d'illustration).

Un tracteur (photo d'illustration). - RMC

Alors qu'une ferme du Lot-et-Garonne était mise aux enchères, un retraité a surenchéri à l'offre du petit-fils du couple d'agriculteurs insolvables qui en étaient les propriétaires, empêchant le petit-fils d'obtenir le bien. Le retraité a alors été visé par de nombreuses insultes sur les réseaux sociaux et a retiré son offre.

La Cour d'appel d'Agen a appelé vendredi 4 juillet "au respect" des procédures d'enchères et a dénoncé les appels "à faire obstacle" à la vente d'une ferme placée en liquidation judiciaire, exemple pour la Coordination rurale des difficultés de transmission des terres agricoles.

Les 37 hectares de terres de cette ferme près de Marmande et la maison du couple d'agriculteurs insolvables avaient été mis aux enchères le 19 juin au prix de 140.000 euros, avant de baisser autour de 10.000 euros après une campagne en ce sens du syndicat agricole, raconte le journal Sud Ouest qui a dévoilé l'affaire.

Mais l'offre tardive d'un retraité de 79 ans a bloqué l'acquisition du bien par le petit-fils du couple, scolarisé en lycée agricole et déclenché un torrent d'insultes sur les réseaux sociaux, avant qu'il ne se rétracte vendredi matin.

"Il s'est fait traiter de rapace"

"Il s'est fait traiter de rapace, de vil opportuniste. Il est en état de stress post-traumatique après ce tombereau d'injures et de dénigrement", explique à l'AFP Me Alexandre Novion, l'avocat de ce retraité également dirigeant de SCI.

"Il ne savait pas qu'en se portant enchérisseur il venait télescoper le combat d'un jeune homme de 18 ans rêvant de reprendre la ferme de son grand-père. C'est pour cela qu'il jette l'éponge, pas pour les pressions exercées sur lui," défend Me Alexandre Novion.

De nouvelles enchères seront organisées à l'automne, avec une mise à prix de 11.000 euros, soit le montant de la dernière proposition de l'acquéreur rétracté.

La ferme mise en vente, seulement 10.000 euros proposés

Début juin, dans son bastion du Lot-et-Garonne, où il dirige la chambre d'agriculture depuis 2001, le syndicat agricole Coordination rurale, adepte des actions coups de poings et dont plusieurs membres ont été condamnés en justice, avait assuré "mettre la pression" dans "tout le département" pour que "personne ne fasse d'offre".

Sans aucun acquéreur le jour des enchères publiques, c'est la Safer, l'organe de régulation du foncier agricole, qui avait proposé 10.045 euros pour racheter la ferme, dans le but de faciliter à terme l'installation du petit-fils... avant de se heurter à la nouvelle offre proposée par le retraité quelques jours plus tard, juste avant la clôture de la procédure et peu après sa médiatisation.

Des enchères "qui descendent aussi bas, sans acquéreur, c'est extrêmement rare", a commenté auprès de l'AFP la Safer Nouvelle-Aquitaine, précisant que 95% des transactions traitées par l'organisme se font habituellement "à l'amiable".

"On recommence à zéro"

Pour José Pérez, coprésident de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, l'acquéreur "s'est retiré car moralement et humainement ce n'est pas bien ce qu'il a fait. Les gens l'ont insulté, ils trouvent cela complètement honteux."

"Maintenant, on recommence tout à zéro, et il faudra continuer la pression pour que la ferme, qui aurait dû appartenir à Lucas (le petits-fils, NDLR), lui revienne, et pas à un prix exorbitant", a ajouté José Pérez.

Dans son communiqué, la Cour d'appel d'Agen précise que le fait "d'entraver ou troubler la liberté des enchères" par des "violences" ou des "menaces", est puni d'une peine de six mois d'emprisonnement et de 22.500 euros d'amende.

J.D. avec AFP