Un rapport dénonce des "conditions de vie indignes" à la prison de Bordeaux-Gradignan

Centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan - Jean-Pierre Muller - AFP
Surpopulation carcérale, insalubrité, rixes et cafards, un rapport réalisé du 30 mai au 10 juin 2022 par la Contrôleure générale Dominique Simonnot, accompagnée de onze contrôleurs, met en lumière la réalité quotidienne des détenus à la prison de Bordeaux-Gradignan.
Le rapport dévoile '"un nombre important de dysfonctionnements entraînant des atteintes graves à la dignité et aux droits fondamentaux des personnes détenues, dont les conditions de vie sont particulièrement indignes"
La surpopulation carcérale y est "drastiquement élevée" avec un taux d'occupation de "235% dans l'ensemble des quartiers maison d'arrêt des hommes" et "145 cellules triplées avec un matelas au sol". La maison d'arrêt des hommes est particulièrement pointée du doigt :
"l'hébergement d'êtres humains devrait y être proscrit", assène le rapport qui détaille des conditions de détention "inhumaines".
Murs "lépreux", nourriture "fréquemment avariée"
"Enfermées 24 heures sur 24, sans accès à aucune activité", les personnes incarcérées disposent de moins de 3 mètres carrés d'espace personnel dans leur cellule et "toute possibilité de mouvement" est proscrite en cas d'installation d'un matelas au sol. Dans les cellules mal isolées aux murs "lépreux, parfois noircis", la luminosité naturelle y est "faible", "les lits superposés instables" et les "matelas de mousse (...) extrêmement sales et maculés de tâches".
L'intimité aux toilettes est réduite parfois à "des rideaux de fortune", les "douches collectives sont toutes insalubres" et les nuisibles prolifèrent, dont des cafards s'introduisant la nuit jusque dans "les poches" des détenus. La nourriture, "fréquemment avariée", n'est pas "répartie équitablement" entre les détenus.
"Nombre de suicides élevé"
Le rapport dévoile que les "rixes sont fréquentes et souvent très violentes dans les cours de promenade". Le "nombre de suicides est également "élevé" et de "graves carences" affectent l'accès aux soins des détenus.
Si le personnel "fait manifestement ce qu'il peut pour pallier les multiples difficultés", le manque d'effectif et l'absentéisme entraînent un "fonctionnement dégradé", juge la Contrôleure générale qui réclame des "mesures urgentes".
Dans sa réponse, le Garde des Sceaux Eric Dupont-Moretti estime que la construction d'un nouvel établissement de 600 places "répondant aux standards pénitentiaires", remplaçant l'actuel bâtiment de 436 places "qui sera définitivement fermé", va permettre d'endiguer le phénomène de surpopulation carcérale".
Un nouvel établissement "ne constitue pas une solution", avait préalablement jugé Mme Simonnot, précisant que les nouveaux locaux "sous-dimensionnés" sont "en situation de suroccupation à hauteur de 150 %", avant même de sortir de terre.