Un ado se suicide à Brest à cause d'un chantage sur Facebook

Un jeune garçon de 18 ans s'est suicidé à Brest après avoir été victime d'un chantage sur Internet. L'affaire s'est nouée en quelques heures et ne serait pas un cas isolé.

Gauthier venait d'avoir 18 ans lorsqu'il s'est pendu dans l'abri de jardin dans la maison familiale, à Brest, à cause d'un terrible chantage orchestré depuis l'étranger.

Le 10 octobre dernier, la journée avait pourtant commencé de manière ordinaire. Dans l'après-midi, l'adolescent rentre du lycée chez lui. Il attrape l'ordinateur portable et va dans sa chambre. "Je suis montée le voir vers 16 heures et il m'a dit de le laisser. Une heure plus tard, je l'ai vu sortir, discutant au téléphone. Il avait l'air absent", explique sa mère au quotidien breton Le Télégramme, qui révèle l'histoire.

Le jeune homme sera retrouvé moins d'une demi-heure plus tard, suspendu entre la vie et la mort au fond du jardin. Il décèdera une semaine après de ses blessures à l'hôpital.

"J'ai maintenant une vidéo porno de toi"

Une descente aux enfers fulgurante que la fouille de l'ordinateur familial va expliquer peu de temps après.

D'après l'historique, Gauthier a discuté avec une fille sur Chatroulette, un site de discussions qui met en contact de manière aléatoire les internautes. Celle-ci l'a convaincu de continuer la conversation sur Facebook, probablement afin d'obtenir son nom et avoir accès à ses amis.

Là, sur le chat Facebook, elle l'a persuadé de se livrer à des jeux érotiques devant sa caméra, et a enregistré les images à son insu. Avant de couper court brutalement à l'échange par ces mots violents : "J'ai maintenant une vidéo porno de toi. Si tu ne me donnes pas 200 euros, je vais détruire ta vie en diffusant la vidéo à tous tes amis." C'était quelques minutes avant son suicide.

Gauthier, décrit comme "sociable", "sportif" et "sensible" par ses proches, n'a absolument pas vu venir ses prédateurs. Il a pris peur, comme en témoigne un SMS envoyé à son cousin, selon Ouest-France.

Une spécialité ivoirienne

Une plainte déposée contre X par les parents de Gauthier a permis de remonter la piste de cette mystérieuse femme, ou plutôt de ceux qui se cachent derrière. Selon la police, les auteurs de cette anarque étaient à Abidjan, en Côte-d'Ivoire, lorsque que le drame s'est noué.

Un chantage intolérable de plus en plus fréquent selon la police judiciaire, qui évoquait cet été dans Le Monde "deux à trois cas par jour" signalés aux autorités. Les imposteurs séduisent des gens sur Internet, et les persuadent de se déshabiller devant leur webcam. Ils monnayent ensuite la vidéo sous peine de diffusion mondiale sur le web.

Nombre de ces escrocs opèrent en Afrique, et notamment en Côte-d'Ivoire, depuis des cybercafés, ce qui rend souvent les enquêtes très difficiles. A tel point que le gouvernement de Côte d'Ivoire a ouvert en septembre 2011 un site de prévention détaillant par le menu toutes les escroqueries virtuelles, devenues monnaie courante dans le pays.