"Traitements inhumains et dégradants", "moqueries": trois détenus assignent l'État sur leurs conditions de détention

Un agent de l'administration pénitentiaire dans une prison (image d'illustration) - AFP
Plus de personnel soignant après 17 heures, parloir en slip, nuisibles en cellule... Trois détenus à Toul (Meurthe-et-Moselle), dont deux handicapés, ont assigné l'État en justice, leur conseil dénonçant ce lundi 27 janvier des conditions de détention "indignes" devant le tribunal administratif de Nancy.
À l'audience, leur avocat Charly Salkazanov a cité différents témoignages des requérants, de certains de leurs codétenus ou de leurs familles leur rendant visite au parloir, évoquant des conditions de détention "indignes" et "inconcevables", des "traitements inhumains et dégradants" à l'encontre des trois hommes âgés entre une quarantaine et une soixantaine d'années et condamnés à des peines longues, qu'ils purgent à Toul.
Il a notamment apporté une enveloppe kraft dans laquelle se trouve "un courrier de l'un des requérants, dans lequel il a envoyé des cafards, qu'il a tués lui-même" en détention, a-t-il regretté.
"Moqueries", "graves problèmes" d'hygiène,...
L'un de ses clients, atteint selon plusieurs avis médicaux de la maladie de Charcot, en tout cas reconnu comme étant en situation de handicap, subit en détention selon lui des "carences dans l'accès aux soins et à la santé", avec seulement quelques séances de kinésithérapie "pas adaptées", loin des recommandations des médecins face à sa pathologie.
Le deuxième, invalide, "ne peut plus rien faire seul. Il est laissé nu, sur son lit, toute la journée" et même "amené en slip en parloir", comme l'a constaté en août 2024 son avocat, même si selon l'administration pénitentiaire, il s'agissait d'un short.
Le dernier, pas reconnu handicapé mais qui se déplace difficilement en béquilles, subit des "moqueries" et souffre de "graves problèmes" liés à l'hygiène, selon son conseil.
Un détenu, ayant obtenu un diplôme d'auxiliaire de vie et recruté par l'administration pénitentiaire, pourrait les aider en dehors des horaires de présence des personnels de santé. Mais ils refusent, car l'homme est un "violeur multirécidiviste", selon Charly Salkazanov.
À l'audience, les représentants du ministère de la Justice ont déclaré que les détenus en ayant besoin bénéficiaient de soins, avec notamment la présence d'une aide à domicile chaque jour à leurs côtés, tout en précisant qu'en vertu du secret médical, le ministère de la Santé était responsable de ce suivi, et non l'administration pénitentiaire.
Cette dernière a aussi précisé qu'une société intervenait pour éradiquer les nuisibles dans le centre de détention. Le juge des référés doit rendre son ordonnance "mardi ou mercredi".
Au 1er décembre 2024, la France comptait 80.792 détenus, soit une densité carcérale de 129;5% selon des chiffres du ministère de la Justice.