Un voyageur en partance pour la Tunisie: "Tout le monde a peur, il faut dépasser ça"

Si le quai d'Orsay invite les Français présents en Tunisie à la vigilance et à limiter les déplacements, il n'a donné aucune consigne quant au départ vers ce pays. Au lendemain d'un carnage dans un hôtel à Sousse revendiqué par le groupe jihadiste État islamique (EI), des milliers de touristes étrangers n'aspiraient qu'à rentrer chez eux. Mais de nombreux autres se sont présentés comme prévu, au départ de leur avion.
"Y aller, vivre normalement, combattre les terroristes"
Ce samedi matin, à Orly, aucun vol n'avait été annulé. "Après ce qui s'est passé, tout le monde a peur. Que ce soit les Tunisiens, que ce soit les Français. (…) Il faut dépasser tout ça", dit un voyageur qui attend de prendre son avion. "Le plus important maintenant c'est de se dire, il faut aller, il faut aller dans les hôtels, il faut vivre normalement, il faut combattre les terroristes et il faut absolument que toute la nation se mobilise", déclare un autre voyageur.
Mais qu'ils aient décidé de quitter la Tunisie, d'y aller ou d'y retourner, c'est un sentiment de tristesse pour les Tunisiens qui prédomine. "C'est triste pour les Tunisiens de subir encore des attentats qui ruinent le tourisme", déclare une voyageuse qui fait référence à l'attentat du musée du Bardo d'il y a trois mois. Ce nouvel attentat porte un nouveau coup au secteur vital du tourisme.
Les syndicats de tours-opérateurs encouragent les professionnels du tourisme à autoriser les voyageurs à reporter leur séjour. Paris, qui a dit qu'aucune victime française n'avait été identifiée "à ce stade", a demandé aux tours opérateurs "de rapatrier tous les Français" qui le souhaiteraient.
Les touristes expressément visés
Selon un dernier bilan provisoire du ministère de la Santé, l'attaque a fait, outre les 38 morts, 39 blessés dont 15 Britanniques, sept Tunisiens et trois Belges. Se faisant passer pour un vacancier selon les autorités, un étudiant qui avait caché son arme dans un parasol a ouvert le feu sur les clients sur la plage puis au bord des piscines de l'hôtel. Il a été ensuite abattu.
Selon un témoin, Seifeddine Rezgui, un étudiant tunisien né en 1992 inconnu des services de police et auteur présumé de l'attentat visait seulement les touristes. "Le terroriste nous a dit: 'Éloignez-vous, je ne suis pas venu pour vous'. Il ne nous a pas tiré dessus, il a commencé à tirer sur les touristes". Dans sa revendication, l'EI a affirmé qu'un "soldat du califat" a "pu parvenir au but" en tuant "des sujets des États de l'alliance croisée", en référence à la coalition internationale antijihadistes qui bombarde ses fiefs en Syrie et en Irak.