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Terrorisme

Un témoin à Dammartin-en-Goële: "On a le coeur qui bat à 100 à l'heure"

Les deux hommes se sont retranchés à Dammartin-en-Goêle (photo d'illustration).

Les deux hommes se sont retranchés à Dammartin-en-Goêle (photo d'illustration). - BFMTV

Les deux hommes soupçonnés d'être les auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo ont été repéré par les forces de l'ordre. Une prise d'otage est en cours  ce vendredi matin dans une entreprise de Dammartin-en-Goële, en Seine-et-Marne, ou des coups de feu ont été entendus. Témoignages.

Les frères Kouachi, jihadistes soupçonnés d’avoir perpétré l’attentat contre Charlie Hebdo mercredi, ont été repérés. Après un échange de coups de feu avec les forces de l’ordre, ils se sont lancés dans une course-poursuite sur la Nationale 2 en Seine-et-Marne. Les deux hommes se sont réfugiés dans un bâtiment d’une entreprise de Dammartin-en-Goële, à environ une demi-heure de route de la zone où les fugitifs étaient recherchés depuis jeudi, confirmant une information de RTL. Une personne a été prise en otage. Pour l'heure, aucune victime n'a été recensée. Les forces de l'ordre sont prêtes à intervenir.

"J'ai vu les snipers se positionner"

Les habitants de Dammartin-en-Goëlle sont tous confinés chez eux. Elle a compris très tôt, avec l'arrivée des hélicoptère un peu avant neuf heures, que les fuyards avaient été localisés. "Ils (les gendarmes) sont venus nous demander de rester enfermés, d'éteindre toutes les lumières, de fermer les volets et de ne pas paniquer, surtout", explique-t-elle sur BFMTV. Elle confirme que la zone industrielle, située à quelques mètres à vol d'oiseau de sa maison, se situe entre deux ronds points, entièrement bloqués.

Grégory, qui habite également la commune, est confiné chez lui, à 200 mètres de l'entrepôt où sont retranchés les suspects. "J'ai vu les snipers se positionner, de mes fenêtres, sur l'entrepôt voisin à celui où sont censés être les malfaiteurs. C'est assez impressionnant, tout ça, quand ça se met en marche."

"Comme des lions en cage"

Dans cette zone industrielle, éloignée des habitations, les employés des entreprises proches de la prise d'otage se sont barricadés. "On a entendu quatre coups de feu, qui nous ont fait sursauter, et on a vu l’arrivée des forces de l’ordre", raconte sur BFMTV Sabine, qui travaille dans l'entreprise située en face du lieu de la prise d'otage. "Au départ, il y avait une voiture de gendarmerie. Très rapidement, d’autres voitures sont arrivées, des hélicoptères, tout un déploiement auquel on ne s’attendait pas. Quand on vient travailler le matin, on ne s’attend pas à voir ça en face de chez soi."

Pour se protéger, ses collègues et elle ont éteint les lumières et se sont éloignés des fenêtres. Ils attendent dans la peur. "On a l'impression de tourner comme des lions en cage ici. On a le coeur qui bat à 100 à l'heure, et il y a ce bruit incessant des hélicoptères..", détaille Sabine, séparée des tireurs par un simple parking. "Tout le monde nous appelle, nous demande si c'est vrai. C'est tout à fait stressant, comme situation."

Dans une autre bâtiment, située dans la zone industrielle, l'équipe de Martin a été rejointe par les employés d'une entreprise voisine, après une évacuation menée par le GIGN. "Tout est encerclé. On ne peut rien faire. On ne peut même pas sortir", confie-t-elle en expliquant que vers 9h30, "il y a eu un gros coup de stress" parmi les employés."

"C'est assez impressionnant"

"C'est assez impressionnant, ça fait assez peur", réagit de son côté Télémaque, un habitant de Dammartin-en-Goële, dont la maison se trouve à quelques rue de la zone industrielle. "Ma femme a été arrêtée au rond point (à la sortie de la ville) qui nous sépare de l'Oise, de la Picardie par des gendarmes en mitraillette, elle a été assez impressionnée."

Les enfants confinés dans les écoles

Alors que l'opération est toujours en cours en marge du village, les enfants, arrivés à l'école dans la matinée, y sont eux aussi confinés. Inquiets, les parents tentent de garde le contacts avec les établissements scolaires. Sandrine est l'une de ces mères. "Le souci, dans l'immédiat, c'est de récupérer nos enfants qui sont scolarisés dans les écoles. On s'inquiète un petit peu. On sait qu'ils sont en sécurité. Moi j'ai un petit garçon qui est atteint d'une grave maladie. Il n'était pas censé aller à l'école ce matin, mais il a voulu y aller, donc je m'inquiète un petit peu." Elle a pu joindre la directrice de l'école, pour les prévenir et avec qui elle échange des messages régulièrement. Les enfants de tous les groupes scolaires vont être évacués dans le gymnase de Dammartin-en-Goële en début d'après-midi.

La commune bouclée

Vers 8h30, Saïd et Chérif Kouachi, 34 et 32 ans, ont volé une Peugeot 206 grise à proximité de Dammartin-en-Geöle, à Montagny-Sainte-Félicité, et ont abandonné la Clio blanche. Ils ont été formellement reconnus par le conducteur et sont encore lourdement armés. La conductrice, à qui appartenait cette voiture, a aussitôt reconnu les deux hommes, qui était à visage découvert, armés de kalachnikov.

La commune est entièrement bouclée par les forces de l’ordre. Ils ont établi un barrage à l'entrée de la commune sur la nationale 2, qui mène vers la zone de Villers-Cotterets, où les deux hommes étaient recherchés depuis jeudi.

A. Dt. avec AFP