La région niçoise, foyer de la radicalisation jihadiste

La promenade des Anglais à Nice est couverte de fleurs. - AFP
Nice a été frappée jeudi soir par une attaque sanglante, la plus meurtrière commise en Europe depuis les attentats du 13-Novembre, à Paris. L’attentat a été revendiqué par Daesh samedi. Vendredi déjà, le procureur de la République François Molins affirmait que la configuration de l'attaque "correspond" aux "appels aux meurtres" lancés par les groupes jihadistes. La ville de Nice est connue pour abriter depuis plusieurs années un foyer de radicalisation islamiste, et est confrontée à de nombreux départs de jeunes vers la Syrie.
L’une des régions françaises les plus touchées par le jihadisme
A tel point que la ville est devenue l’un des principaux foyers jihadistes du pays. Comme l’a souligné le journaliste spécialiste du jihad David Thomson, sur Twitter, ce vendredi, une centaine de Niçois ont pris la route du jihad en Syrie.
Et au-delà de la ville, tout le département des Alpes-Maritimes dans sa globalité est frappé par le phénomène, au point d’être l’un des principaux départements français touché par le jihadisme et les départs vers la Syrie et l’Irak, avec la Seine-Saint-Denis. Ainsi, comme le rappelle L’Express, sur les 1.400 Français ou résidents en France identifiés comme tant en lien avec des filières jihadistes, 10% viennent des Alpes-Maritimes.
Nice, un foyer de recruteurs
Un chiffre important, qui peut s’expliquer par la présence de recruteurs de candidats au jihad dans la région. Parmi eux, le désormais célèbre Omar Omsen, de son vrai nom Oumar Diaby, un Niçois apparu dans plusieurs dossiers de filières syriennes. Considéré par les services antiterroristes comme un important recruteur et un proche de Forsane Alizza, un groupuscule islamiste dissous en 2012 par le gouvernement, cet ancien délinquant franco-sénégalais, auteur de vidéos de propagande et qui s’était autoproclamé imam radical à Nice, avait rejoint la Syrie en 2013.
Alors qu'il avait fait circuler l'annonce de sa mort, le jihadiste de 40 ans est réapparu début juin dans un tournage de France 2, pour l'émission Complément d'enquête. En Syrie, Omar Omsen est devenu le commandant d'une katiba (cellule) d'une trentaine de jeunes Français, la plupart originaires comme lui de la région niçoise.
Une ville déjà visée par la menace jihadiste
Ce n’est pas la première fois que la cinquième ville de France est visée. Le 3 février 2015, quelques semaines après le traumatisme suscité par les attentats de janvier contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher à Paris, Moussa Coulibaly, originaire de la banlieue parisienne, avait agressé au couteau trois militaires qui montaient la garde devant un centre communautaire juif à Nice. Durant sa garde à vue, il avait évoqué sa haine de la France, de la police, des militaires et des juifs, selon une source proche de l'enquête.
Un an plus tôt, en 2014, un attentat contre le carnaval de Nice avait été déjoué in extremis. Cette année-là, un homme tout juste rentré de Syrie avait été arrêté deux jours avant la date du carnaval. Lors de différentes perquisitions, les hommes de la DGSI avaient découvert trois canettes bourrées de TATP, un explosif artisanal capable de produire l'effet de plusieurs dizaines de grenades. Le suspect envisageait une action de l'ampleur de celle menée en avril 2013 par les frères Tsarnaev au marathon de Boston, aux Etats-Unis.