Jawad Bendaoud se "doutait" qu'il hébergeait des terroristes

Le jour de l'assaut à Saint-Denis Jawad Bendaoud assurait ne pas savoir qu'il avait hébergé des terroristes. - BFMTV
Le jour de l'assaut du RAID à Saint-Denis, Jawad Bendaoud est catégorique. Il a bien hébergé plusieurs personnes dans un appartement, mais il ignorait qu'il s'agissait de terroristes et notamment d'Abdelhamid Abaaoud, décrit comme l'un des commanditaires des attentats de Paris. "J'étais pas au courant que c'était des terroristes moi", affirmait-il devant les caméras de BFMTV juste avant d'être interpellé. "On m'a dit d'héberger deux personnes pendant trois jours, j'ai rendu service tout simplement. Si je savais, vous croyez que je les aurais hébergés?"
Mis en examen pour association de malfaiteurs criminelle en relation avec une entreprise terroriste, Jawad Bendaoud aurait depuis édulcoré sa version. "J'ai douté, il y avait un truc pas clair", a-t-il expliqué devant les enquêteurs, selon Le Monde qui a pu consulter des pièces du dossier.
"Même moi j'ai trouvé ça suspect"
Si rien ne prouve qu'il connaissait personnellement Abdelhamid Abaaoud, d'après Le Monde, des SMS démontrent qu'il aurait fait le rapprochement entre ses hôtes et les attentats. Alors que l'assaut est donné à Saint-Denis le 18 novembre, il reçoit deux textos de sa petite amie: "Je m'en doutais putain", "Je te l'avais dit en plus, c'est chelou", écrit-elle. La réponse de Jawad laisse bien penser qu'il avait conscience d'héberger des terroristes.
"Tous les mecs de ma rue, hier, ils rigolaient, ils m’ont dit t’es un OUF, tu ramènes des mecs de Belgique, deux frères MUS. (…) Sur le coran de La Mecque c’est des terroristes, nous on rigolait, bah on s’en bat les couilles, moi je les héberge. (…) Les mecs ils viennent de Belgique, ils me demandent de quel côté on fait la prière, ils me disent on est fatigué, on veut dormir, on a passé trois jours de fils de pute, 150 euros pour trois jours, pourquoi ils ont pas été à l’hôtel ? (…) Vazy même moi j’ai trouvé ça suspect les mecs…"
L'appât du gain comme seule motivation?
Celui qui est devenu la risée des réseaux sociaux se réfugie derrière la cupidité, qui serait selon lui sa seule motivation. "Je ne vais pas prendre vingt ans pour ça, (…) je m'en doutais, mais je voulais l'argent" explique-t-il aux enquêteurs. Mais son profil troublant fait douter de la véracité de son mobile. Le Monde évoque un mélange "de bêtise, d'appât du gain et d'idéologie".
Délinquant condamné pour le meurtre de l'un de ses meilleurs amis alors qu'il visait quelqu'un d'autre, il est connu dans le quartier comme étant marchand de sommeil et dealer. Si Jawad Bendaoud nie être un musulman pratiquant, il est pourtant décrit par un ancien codétenu comme "radicalisé" et reconnaît avoir laissé entendre qu'il pourrait s'inspirer des meurtres de Mohamed Merah. "J'y ai peut-être pensé en prison, mais une fois sorti, tout est sorti de ma tête", assure-t-il.
Ses relations, simples mauvaises fréquentations ou réelles accointances, posent aussi question. L'analyse des ses relevés téléphoniques indique qu'il a été en lien avec un numéro belge, numéro qui a à son tour été en contact avec une ligne téléphonique repérée sur les lieux des attentats le soir du 13 novembre. Jawad Bendaoud était également en contact avec Mohamed S, rencontré en prison et mis en examen aux mêmes motifs que Jawad. Mohamed S, âgé de 25 ans est soupçonné d'avoir servi d'intermédiaire entre Hasna Aït Boulacen, la cousine d'Abdelhamid Abaaoud et Jawad Bendaoud.