Témoignage exclusif d’un ancien braqueur

Une ancien braqueur grenoblois, passé de la petite délinquance au braquage à main armée, témoigne anonymement - -
Cet ancien braqueur connaissait bien Karim Boudouda, l’homme de 27 ans tué vendredi à Villeneuve lors d'une fusillade avec les policiers après un braquage. Il est de la même génération. Comme lui, il a grandi dans ce quartier, il est passé de la petite délinquance au braquage à main armée, jusqu'à ce qu'il soit condamné à 15 ans de prison pour un braquage qu'il a commis devant des centaines de personnes.
En prison, il a passé son bac et aujourd'hui il dit avoir totalement arrêté « les conneries ». Il essaie de parler aux jeunes de son quartier pour les inciter à ne pas reproduire le même schéma.
« C’est facile de franchir le pas »
Libre et « rangé » aujourd’hui, il parle de son parcours, de ce qui se passe à la Villeneuve et raconte comment il est tombé dans la criminalité [ndlr, sa voix est déformée pour conserver son anonymat] : « Ce manque cruel d’argent et la jalousie que j’avais vis-à-vis des autres jeunes de mon âge, qui avaient de meilleurs moyens que moi, qui étaient mieux habillés que moi, etc. J’avais vraiment l’impression d’être dans la misère ; voilà pourquoi j’ai franchi le pas. La première fois, je me suis rendu compte à quel point c’était facile ; dans le quartier, les armes elles existent, on peut s’en servir, essayer d’en acheter. Lorsqu’on a l’impression que le seul moyen de s’en sortir, c’est celui-là, on en arrive à tout. »
Refusant de détailler la façon d'opérer, il ajoute que c'est vraiment simple d'arriver dans un magasin avec une arme et de dire « plus personne ne bouge, donnez moi la caisse... ».
« Certains policiers se prennent pour des cowboys »
Peu tendre envers la police et son action à la Villeneuve, il explique : « j’ai un peu l’impression que certains policiers se prennent littéralement pour des cowboys. Quand on sait qu’ils ont été une première fois la cible, à la sortie de la rocade, de tirs qui proviendraient soi-disant de Karim, je me pose la question de savoir pourquoi cette volonté de le suivre et d’aller au contact avec une personne qu’on sait lourdement armée, si ce n’est dans un état d’esprit de vouloir donner la mort, d’un côté ou de l’autre. »
Aujourd’hui, les habitants ne comprennent pas : avec tous le dispositif déployé (200 policiers), seulement 2 personnes, sur les 20 interpellées, sont suspectées d'avoir tiré sur la Brigade anticriminalité (BAC). Les policiers n'ont quasiment rien trouvé : 1 kg de cannabis et aucune arme lors des visites des caves et des sous-sols.