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Police-Justice

Téléphone verrouillé, mutisme, parcours... Les zones d'ombre autour de l'assaillant d'Annecy

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Depuis son interpellation le jour de l'attaque, le suspect est interrogé par les enquêteurs mais refuse catégoriquement de s'exprimer. En outre, son téléphone est toujours impossible à accéder.

Il reste de marbre. Alors qu'il est mis en examen pour "tentative d'assassinat" et "rébellion avec armes" après l'attaque au couteau qui a fait six blessés à Annecy, l'assaillant ne donne aucune explication sur son geste.

En effet, Abdalmasih H. refuse d'adresser la parole aux enquêteurs. "Pas une seule ligne d'audition", rapporte l'un d'entre eux à BFMTV. Le seul à qui il a accepté de parler a été le médecin psychiatre, à qui il n'a rien dit d'éclairant sur le contexte de l'attaque.

Après avoir été décrit comme étant "très agité" lors de sa garde à vue - tenant des propos incohérents et s'étant même roulé plusieurs fois par terre -, le suspect a dû être sorti du commissariat attaché à un fauteuil roulant car il refusait de sortir de sa cellule, de marcher et se laissait tomber de sa chaise.

Impossible d'accéder à son téléphone

Face à cette obstruction, les enquêteurs ne perdent pas espoir d'arriver à accéder au smartphone de ce Syrien réfugié en Suède. Toutefois, cet iPhone ne peut pour l'heure pas être déverrouillé car Abdalmasih H. refuse de donner le code d'accès.

Les informations se trouvant potentiellement dans cet appareil permettraient peut-être de mieux comprendre son profil et ses motivations. Les enquêteurs l'ont ainsi transféré au laboratoire de police scientifique, où des ordinateurs tentent de faire des codes de façon aléatoire pour enfin le déverrouiller.

Le regard se tourne ainsi vers le fabricant, Apple, mais la politique de l'entreprise américaine concernant le chiffrement des données empêche même dans un cas d'enquête policière d'accéder au téléphone.

Son profil Facebook (fermé depuis) a lui été consulté. Les enquêteurs y ont trouvé des photos du baptême chrétien de sa fille, ce qui semble montrer qu'il n'a pas menti sur sa religion.

Des zones d'ombre sur son parcours

La police n'a en outre pas pu procéder à des perquisitions puisque l'homme vivait dans la rue depuis son arrivée à Annecy. Dans le squat où il se trouvait, elle a trouvé un sac de couchage ainsi qu'un sac à dos, qui ne contenait aucune information utile.

Les images de vidéosurveillance ont montré qu'il errait depuis plusieurs jours aux abords du centre-ville de la préfecture haute-savoyarde. Selon des témoignages recueillis par la police, le suspect a été vu, les jours précédant l'attaque, se rasant les parties génitales dans le lac.

On ignore pour le moment quand il est arrivé dans la ville mais, selon les premiers éléments de l'enquête, il s'est rendu en Italie en mai 2022 et en Suisse en octobre 2022, où il a déposé des demandes d'asile, qui lui ont été refusées puisqu'il l'avait déjà obtenue en Suède.

Pour éclaircir ces multiples zones d'ombre, les enquêteurs ont aussi fait des demandes d'entraide à l'étranger. Ils ont également retrouvé une trace de son passage aux États-Unis et au Mexique, il y a plusieurs années. Sa femme, toujours en Suède, devrait être auditionnée prochainement.

Cécile Ollivier