BFMTV
Police-Justice

Surpopulation carcérale: la contrôleure générale des lieux de privation de liberté appelle "à faire sortir des détenus un mois avant leur fin de peine"

placeholder video
D'après les derniers chiffres du ministère de la Justice au 1er juin, 84.447 personnes, un record, sont détenues pour 62.566 places. Alors que toute la chaîne pénale tire la sonnette d'alarme, Dominique Simonnot propose de libérer certains détenus avant la fin de leur peine.

"Vous ne pourrez pas dire qu'on ne vous a pas prévenu s'il arrive un énorme malheur". Mercredi 2 juillet, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, ainsi que six représentants des membres du groupe de travail sur la régulation carcérale ont été reçus à l’Assemblée nationale face à une "situation d'extrême urgence", alors que le nombre de détenus français est au plus haut.

Invitée de BFMTV ce jeudi 3 juillet, Dominique Simonnot met en avant une proposition pour désengorger les prisons: "faire sortir des détenus un mois avant leur fin de peine".

"Je ne vous parle pas d'énormes narcotrafiquants, mais de délinquants de maisons d'arrêt", avec des sorties "encadrées par les services pénitentiaires et d'insertion", dit-elle.

Selon les derniers chiffres du ministère de la Justice, au 1er juin, 84.447 personnes, un record, étaient détenues pour 62.566 places, soit une densité carcérale globale de 135%. La densité carcérale dépassait même les 200% dans 23 établissements ou quartiers pénitentiaires.

"Des situations cruelles et absurdes"

"Ces sorties seront non-sèches, c'est-à-dire accompagnées, contrôlées, où on vous demande des comptes", a ajouté Dominique Simonnot. Alors que le gouvernement veut créer 15.000 places de prison d'ici à 2027, Dominique Simonnot balaye l'argument de la "fermeté". "La fermeté, c'est très bien quand elle ne débouche pas sur des situations aussi cruelles et absurdes que ce qui se passe en prison aujourd'hui", a-t-elle assuré.

"Aujourd'hui, les détenus sortent tous seuls, pas encadrés. On les rend à la vie plus mauvais qu'ils ne sont entrés parce qu'être à trois ou quatre dans une cellule, dans 6m², 23 heures sur 24, je ne crois pas que ça rende meilleur", a-t-elle encore avancé.

Et d'ajouter: "On parle de 85.000 détenus et on nous parle de 3.000 places dans 18 mois, c'est dérisoire. 50 places seront livrées à l'automne, ce n'est pas du tout à la hauteur du problème".

Pour tenter d'endiguer ce phénomène de surpopulation carcérale, Dominique Simonnot a mis en place un groupe de travail, regroupant 27 organisations représentant toute la chaîne carcérale, des syndicats en passant par des ONG.

"On vous en prie, faites quelque chose pour que ça change", avait-elle exhorté lors de son audition à l'Assemblée nationale la veille. "Ce sont 27 organisations de toute la chaîne pénale qui disent: 'on ne peut plus'", a-t-elle conclu sur notre antenne.

Fanny Rocher