Surirradiés d'Epinal: "Nous voulons que les coupables soient punis"

La famille de Marcel Levrey aborbait un t-shirt hommage à l'ouverture du procès des "surirradiés" d'Epinal - -
La première audience du procès des "surirradiés" d’Epinal a été expéditive. A peine plus d'une heure. Suffisant néanmoins pour que la centaine de parties civiles qui s'étaient déplacées lundi pour assister à l'ouverture du procès au tribunal de grande instance de Paris en soit désormais sûre: les sept prévenus (six personnes physiques et l'hôpital comme personne morale) seront bien jugés pour le plus grave accident de radiothérapie jamais survenu en France.
Un soulagement à la mesure de la soif de justice exprimée par les victimes et leurs proches: "Nous voulons que les coupables soient punis, je ne veux pas qu'il arrive la même chose à mes trois garçons", confiait Michel Houot, irradié lors de son traitement contre un cancer de la prostate à l'hôpital Jean-Monnet d’Epinal.
5.500 victimes en totalité ?
Comme lui, environ 450 patients ont subi des surdoses de radiations lors de deux dysfonctionnements successifs: des erreurs de paramétrage d'un logiciel lors du passage à une nouvelle génération d'appareils en 2004, l'absence de prise en compte, dans le calcul final des radiations, des doses délivrées lors des contrôles radiologiques précédant le traitement lui-même, entre 2001 et 2006.
Une troisième erreur de moindre ampleur sur des patients traités entre 1989 et 2000, et non jointe à l'instruction, porterait le bilan des victimes de l'hôpital d’Epinal à 5.500 au moins, avait affirmé en 2008 la ministre de la Santé d'alors Roselyne Bachelot.
"Je ne t'oublierai jamais"
En ouverture d’un procès qui doit durer jusqu’au 31 octobre, le président a énuméré les victimes, dont sept au moins sont décédées des surdoses comme Marcel Levrey, mort le 30 janvier à 70 ans. Une photo de lui orne le t-shirt de son fils Martial qui fixe l'écran. Elle est surmontée de l'inscription: "Je ne t'oublierai jamais".
A Epinal, André Huguenin, 80 ans, l'intestin et le système urinaire "totalement brûlés" par une radiothérapie en 2004, juge "important d'être là pour connaître les responsables et les raisons pour lesquelles on a été surirradiés."
Une accumulation d'erreurs incroyables
Six ans après les premières plaintes en 2006, les juges aussi vont tenter de comprendre comment une telle accumulation d'erreurs a pu se produire dans cet établissement départemental de référence et pourquoi l'information des victimes fut si défaillante.
Poursuivis pour homicides et blessures involontaires ainsi que non-assistance à personne en danger, les deux radiothérapeutes Jean-François Sztermer, 64 ans et Michel Aubertel, 62 ans n'exercent plus leur activité de médecin. Le radio physicien Joshua Anah, 54 ans, renvoyé des mêmes chefs, a retrouvé un emploi dans sa branche au sein d'une entreprise de la région parisienne.