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Police-Justice

Saint-Nazaire : une famille vivait recluse, seul le père sortait

Appelés pour porter secours à une femme dans un immeuble à Saint-Nazaire, les pompiers sont tombés sur une famille de six personnes qui vivait totalement coupée du monde.

Appelés pour porter secours à une femme dans un immeuble à Saint-Nazaire, les pompiers sont tombés sur une famille de six personnes qui vivait totalement coupée du monde. - -

Appelés pour secourir une femme dans un appartement, les pompiers de Saint-Nazaire en Loire-Atlantique ont découvert samedi matin une famille entière qui vivait recluse dans un appartement. « Ça fait plus d’un an que je n’ai pas vu les enfants », raconte une voisine sur RMC.

C’est une découverte hors du commun qu’on fait les pompiers de Saint-Nazaire samedi matin. Appelés pour porter secours à une femme dans un immeuble du quartier populaire de la Tréballe, les pompiers sont tombés sur une famille de six personnes qui vivait totalement coupée du monde. Parmi elles, les deux parents et quatre enfants, âgés de 15, 17, 19 et 20 ans, évoluant dans un environnement malsain où les moisissures prolifèrent et où le sol est jonché d'immondices. Le parquet a ouvert une enquête pour soustraction à une obligation parentale. Le père a immédiatement été interné dans un hôpital psychiatrique. La mère et les quatre enfants ont été hospitalisés à la Cité sanitaire. Les enfants n'ont pas encore pu être entendus par les enquêteurs. Un cinquième enfant, une fille aînée qui ne résidait plus au domicile familial, a aussi été entendu.

Une famille enfermée sous la contrainte

Les premiers éléments de l'enquête semblent indiquer qu'ils vivaient enfermés sous la contrainte, certainement du père de famille, et ce depuis plusieurs années. En effet, sur les portes et les fenêtres de l’appartement, des verrous. Selon les voisins, la famille vivait ainsi depuis au moins 3 ans. « Au départ, quand je suis arrivée, la mère ne répondait pas à mes bonjours et rentrait chez elle en vitesse. Ça fait plus d’un an que je n’ai pas vu madame, ni les enfants », rapporte sur RMC une voisine dont l'appartement se situe au-dessus de celui de la famille recluse. En effet, seul le père sortait parfois pour faire des courses, tête baissée et casquette vissée sur le crane. Il enfermait alors sa femme et ses enfants, qui souffraient de multiples handicaps. Si Mme Le-Gall, installée au-dessus depuis 2004, estime que cette absence remonte à un an, les voisins d'en face de la famille recluse et ceux qui habitent en dessous, M. et Mme Lesommier, estiment que cela peut remonter à trois ans et le voisin du rez-de-chaussée pense que cela faisait « bien deux ans ». « Habitant juste au-dessus, je suis choquée de savoir qu’une famille de quatre enfants était séquestrée dans cet appartement, explique madame Le-Gall. Lui, il ne parlait à personne. Il baissait la tête quand on le croisait. De toute façon, il me faisait un peu peur. Il avait toujours sa casquette et ces dernier temps, il n’était pas très propre sur lui. En habitant au-dessus, je n’entendais aucun bruit. Rien, pas de bruit. Au départ quand je suis arrivée, elle ne répondait pas à mes bonjours et rentrait chez elle. J’avais signalé de très mauvaises odeurs, m’obligeant à boucher les aérations de mes WC et de ma salle de bain, mais personne n’a bougé ».

« Une intervention était programmée mais depuis le mois d’octobre la famille n’a pas donné suite »

Pour l’office HLM qui gère l’immeuble dans lequel habitait cette famille c’est un peu la surprise. Le directeur de proximité de l’office en question Benoit Delliaux rejette l’idée qu’il ait pu être au courant de la situation de cette famille. « La voisine du dessous nous a contactés en octobre dernier à propos d’une fuite, une intervention était programmée mais depuis le mois d’octobre la famille n’a pas donné suite et ne nous a pas permis de rentrer dans le logement. C’est un délai relativement classique quand dans le foyer les gens travaillent qui ne donnent pas forcement suite aux appels. Ce que je peux vous dire c’est que nous n’avons eu aucun signal d’alerte concernant cette famille ces dernières années. Ça peut venir des voisins ou des équipes de proximité ou encore des partenaires sociaux. Quand on a des informations, on donne suite. Ça n’a pas été le cas ici ».

Tugdual de Dieuleveult avec H. Perrier