Royan: une exposition de photos de couples qui s'embrassent vandalisée

Pour certains habitants, ces photos, qui se veulent un hymne à l'amour universel, sont visiblement installées trop près d'un parc fréquenté par des enfants.

Le député-maire regrette "un acte imbécile qui traduit une forme d'intolérance". Plusieurs photos de l'exposition "Le Baiser", à Royan en Charente-Maritime, ont été vandalisées ce week-end.

Les images de Thibault Stipal montrent des couples, épaules dénudées, s'embrassant sur fond blanc. Des jeunes, des vieux, des Blancs, des Noirs, des hétérosexuels, des homosexuels... Comme le précise Sud Ouest ce mardi, elles étaient installées non loin d'une aire de jeux pour enfants. Et c'est ce qui a vraisemblablement dérangé les vandales.

Les photos grand format, qui avaient suscité de vives réactions lors de l'inauguration de l'exposition organisée par la municipalité, ont été lacérées au cutter.

- © Mairie de Royan

"Même si je m'y préparais, cela m'attriste" a réagi le photographe sur sa page Facebook. Thibault Stipal a également posté sur le réseau social une citation du groupe de rap NTM: "Porter le maillot frappé du sceau de ceux qui dérangent est un honneur pour moi".

"La majorité des gens étaient ravis"

Actuellement à l'étranger, il a expliqué par mail à BFMTV.com avoir appris les dégradations ce lundi. "Je n'ai pas été surpris, vu la réaction de certaines personnes dès le début de l'exposition", explique-t-il tout en précisant qu'"une grande majorité des Royannais et touristes avec qui j'ai pu échanger au sujet de mon exposition étaient plus que ravis, presque charmés même. Une dame de plus de 80 ans m'a dit que cela lui donnait envie de câlins!". "Pour moi c'est une réussite!", explique le photographe.

Alors que cette série de photos était exposée pour la première fois, dans sa ville de naissance, il explique qu'il ne pensait pas être dans la provocation lorsqu'il a réalisé les clichés.

"Les projets artistiques quels qu'ils soient sont fait pour susciter des réactions, faire réfléchir", explique-t-il estimant qu'il a eu "raison de réaliser ce projet car nous avons aujourd'hui la preuve que les gens souffrent cruellement d'un manque d'amour."

"Je m'y attendais"

Interrogé par BFMTV.com, le député-maire Les Républicains de Royan, Didier Quentin, cite Audiard pour qualifier les auteurs des dégradations, et regrette "un acte imbécile qui traduit une forme d'intolérance" six mois après les appels unanimes à la tolérance.

"Massacrer ces oeuvres, c'est déplorable et méprisable", répète l'édile.

"Je m'y attendais en partie, concède-t-il, même si je n'ai pas compris l'irritation que suscitait ce thème du baiser. Ce ne sont pas des gens qui s'égorgent, il n'y a aucune atteinte aux lois, aucun caractère pornographique ou obscène. En revanche certaines réactions homophobes ou racistes aux photos pourraient, elles, tomber sous le coup de la loi", tient-il à rappeler.

Pour autant, les oeuvres abîmées ne seront probablement pas ré-exposées dans Royan cet été. "D'une part parce que cela a un coût, puis parce qu'il y a des chances pour qu'elles soient à nouveau tailladées", explique le maire. S'il compte conserver l'idée d'exposition dans ce lieu car "c'est une bonne idée, esthétiquement très réussie", il se contentera sûrement, dit-il, d'"angelots ou de blanches colombes" l'an prochain.

Aurélie Delmas