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Police-Justice

Rouen: la justice ordonne l'expulsion d'un squat de 160 personnes

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ILLUSTRATION - LOIC VENANCE / AFP

Les occupants d'une ancienne maison de retraite ont deux mois pour évacuer les lieux à compter de la notification de la décision. Leurs avocats contestent la décision, affirmant que plus de temps serait nécessaire au regard des opportunités de relogement.

Le tribunal d'instance de Rouen a ordonné ce mercredi l'expulsion, assortie du délai réglementaire de deux mois, d'un ancien établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) occupé depuis le mois de mai par quelque 160 personnes, dont beaucoup de migrants, a-t-on appris auprès de deux de leurs avocats.

Les occupants, parmi lesquels de nombreuses familles ainsi que des mineurs non accompagnés, sont essentiellement des migrants venus de Guinée, d'Afghanistan, de Géorgie, de Syrie ou encore de Libye. Y vivent également des Français en situation de grande précarité. La ville de Rouen, propriétaire du bâtiment dit "Hameau des Brouettes", avait demandé l'expulsion.

"Le tribunal s'est prononcé pour une expulsion assortie d'un délai réglementaire de deux mois à compter de la signification du commandement de quitter les lieux par voie d'huissier", a indiqué à l'Agence France Presse (AFP) Me Chloé Chalot, qui défend deux d'entre eux.

La proposition de relogement fait débat

Le tribunal n'a en revanche pas retenu l'existence de voies de fait qui auraient été commises par les occupants, comme le demandait l'avocat de la mairie, ce qui aurait permis une évacuation sans délai.

Me Aurélie Sinoir, qui défend une cinquantaine d'occupants demandeurs d'asile, a déclaré de son côté qu'il y a "des problèmes sociaux évidents et il n'y a plus de place dans les Cada (Centres d'accueil pour demandeurs d'asile, ndlr). La décision du tribunal de ne pas accorder de délai supplémentaire pour évacuer les lieux s'appuie sur une proposition de relogement de la mairie". Mais selon cette avocate, cette proposition de relogement "n'en est pas une". Elle avait requis un délai de 3 à 9 mois, en plaidant la situation de vulnérabilité des occupants.

"Le centre d'accueil proposé par la mairie ne comprend que 80 à 90 places, il est fermé, et sa réouverture dépend en plus de financements de la préfecture. Mes clients ne savent pas où aller", a-t-elle déclaré.

L.D., avec AFP