Rouen: 12 ans de prison pour abandons de nouveau-nés dont l'un est mort

Une femme a été condamnée vendredi à 12 ans de prison pour avoir abandonné deux nouveaux-né, près de Rouen. - -
Sandrine Lheureux, 28 ans, mère célibataire sans emploi, originaire d'Yvetot, au nord de Rouen, a été condamnée vendredi à 12 ans de prison pour "délaissement de mineur suivi de mort" et "délaissement de mineur compromettant sa santé et sa sécurité".
Les faits remontent à 2010. En plein hiver, le 11 février, à Yvetot, une petite fille avait été retrouvée sur un parking désaffecté d'un ancien magasin de bricolage, sans aucune protection, par deux adolescentes. L'enfant était morte, probablement d'hypothermie, après une agonie de plusieurs heures.
Un deuxième abandon 14 mois plus tard
Quatorze mois plus tard, le 8 avril 2011, un petit garçon était découvert dans un champ par une cycliste qui avait remarqué un chat tournant autour d'un sac poubelle. En s'approchant, elle avait aperçu l'enfant, encore vivant.
Si l'enquête de la gendarmerie après la mort de la petite fille n'avait pas abouti, celle pour l'abandon du petit garçon a été favorisée par des témoignages qui ont permis de confondre rapidement Sandrine Lheureux.
"Je regrette sincèrement ce qui s'est passé. Je vous assure que je n'ai jamais voulu les tuer", a déclaré la jeune femme, présentée par les experts psychiatres comme une personne immature et aux facultés intellectuelles limitées.
"Vous avez devant vous une petite fille avec un corps d'adulte", a dit aux jurés l'avocat de la défense Jean-Marc Virelizier, plaidant le déni de grossesse et s'appuyant sur les théories du psychanalyste Jacques Lacan sur l'inconscient. "Une fois l'enfant disparu, c'est comme s'il n'avait pas existé", a-t-il argumenté.
Déjà un fils de 5 ans
La jeune mère, qui élevait déjà, seule, un petit garçon de 5 ans, a eu tous ses enfants avec des pères différents. La garde du premier enfant a été confiée à son père avec qui l'accusée a vécu en couple pendant quelques années. Le petit garçon qui a survécu, que les autorités ont prénommé Jules, aujourd'hui âgé de trois ans, vit dans une famille d'accueil qui va l'adopter.
Me Arnaud de Saint-Rémy, avocat de la partie civile représentant le conseil général de Seine-Maritime a demandé l'euro symbolique. Il n'a pas écarté que Jules, devenu grand, ne voit pas apparaître un jour "une fissure identitaire".
Le père biologique de la petite fille décédée avait été présenté comme un complice des abandons par Sandrine Lheureux qui s'est ensuite rétractée. Non poursuivi, il était présent au premier jour du procès.